Mon cher Pierre, Tu viens de nous quitter après une longue et brillante carrière. Je t’avais croisé dès les années 1960. Tu étais un pionnier du cinéma direct, tu avais expérimenté, caméra à l’épaule, le prototype KMT avec Antoine Bonfanti et Etienne Becker.
Robert Frank s’est éteint le 9 septembre 2019, à l’âge de 94 ans. Flashback... 1958... Après avoir parcouru 16 000 km en neuf mois, étalés entre avril 1955 et juin 1956, à travers trente États et impressionné 767 rouleaux de pellicule, soit 27 000 images, paraît The Americans (Les Américains), ouvrage majeur qui compile une sélection de 83 photos saisies par ce regard décalé et désenchanté qui révèle une Amérique que les Américains eux-mêmes ne veulent pas voir.
Comme beaucoup d’opérateurs de ma génération, j’ai connu Vincent Kotwas, jeune ouvrier chez Alga (futur Samuelson puis Panavision), d’abord rue Saint-Maur puis à Vincennes. Du temps d’Albert Viguier où Alga était une maison artisanale, presque familiale.
Nous avons la grande tristesse de faire part du décès de Vincent Kotwas, survenu cet été à l’âge de 66 ans. Vincent, que nombre d’entre nous ont connu chez Alga-Samuelson, à Vincennes, au côté, entre autres, de son mentor Claude Ruellan, était un de ces techniciens, rois de la mécanique des caméras, qui ont permis pour leur bonheur à bien des assistants de se tirer d’embarras.
Quelle belle rencontre, j’eus… de partager dix années d’assistanat caméra avec Pierre… À la fin, en 1984…, Pierre me proposa de voler de mes propres ailes, tout en précisant que si je ne trouvais pas de films, je pourrai l’appeler ! Ce n’était pas qu’il souhaitait se séparer de moi, bien au contraire, mais juste sa générosité. Notre amitié resta intacte jusqu’au bout.
Nicolas Beauchamp, chef opérateur, et Philippe Gilles, chef électricien, ont tous les deux travaillé avec Bruno de Keyzer. Ils témoignent ici des liens d’amitié qu’ils avaient noués avec ce directeur de la photographie dont ils soulignent, entre autres, avoir fait partie de la famille.
Lorsqu’on lit tous les hommages des réalisateurs sur le travail de Pierre, on mesure combien il fut un collaborateur précieux. Mais au-delà de la fabrication des images au tournage, Pierre fut aussi un ardent défenseur de la préservation et de la restauration des films auxquels il avait participé, préservant le sens et le récit que le metteur en scène avait défendu lors du projet initial tout en étant attentif à ce que pouvait apporter les nouvelles technologies d’étalonnage.
À la fin des années 1980 je fus brièvement l’assistant de Pierre Lhomme, remplaçant Jean-Yves Le Poulain quelques jours sur Camille Claudel et par la suite sur des films publicitaires. Nous nous sommes revus à mon entrée à l’AFC et particulièrement lors du Micro Salon de 2010 où j’avais exposé mon entière collection de cellules.
Eduardo Serra aurait, bien sûr, voulu rendre hommage à Pierre dont il fut assistant à ses tout débuts. Il ne peut pas le faire avec ses mots actuels mais c’est ainsi qu’il exprimait souvent son admiration pour lui, même à l’étranger.
« Je ne suis pas entré dans le cinéma par amour de l’image, j’ai fait de l’image par amour du cinéma. » Pierre Lhomme La première fois que je vois Pierre Lhomme, c’est à l’été 1970 sur le Pont-Neuf. Il tourne avec Robert Bresson Quatre nuits d’un rêveur. C’est en août mais les soirées sont glaciales et toute l’équipe est couverte de vêtements chauds. Elle est peu nombreuse et travaille en silence. Et curieusement, malgré la nuit, avec peu de matériel d’éclairage.
D.A. Pennebaker (Donn Alan Pennebaker) nous a quittés à l’âge de 94 ans. Oscar d’honneur en 2013, il fut un des pionniers du Cinéma Direct ou, comme disait Edgar Morin, du "Cinéma Vérité". Pennebaker faisait partie avec Richard Leacock et Albert Maysles d’un groupe de cinéastes new-yorkais avant-gardiste. Ils ont abordé la question de la caméra auto-silencieuse portable avec son synchrone pour saisir cette émouvante réalité humaine.
Dans le cadre de leurs cycles de réflexion sur le cinéma "Les Dimanches de Varan", les Ateliers Varan ont rendu hommage, le 16 juin 2019, à Jean-Pierre Beauviala. La matinée était animée par Eliane de Latour et Elisabeth Kapnist, réalisatrices, avec la participation de Claire Simon, réalisatrice, Jean-Noël Cristiani et François Pain, réalisateurs, et Jean Umansky, chef opérateur du son.
Pierre Lhomme, AFC, notre Président d’Honneur, nous a quittés. Il était une des figures tutélaires de notre association et jusqu’au plus bel âge, n’a jamais manqué d’assister à un CA quand son agenda parisien et sa santé le lui permettaient. Et n’avait pas peur de donner son avis.
En 1980, quand je suis venu pour Quartet, le premier long métrage que j’allais tourner en France, je n’ai pas emmené mon chef opérateur anglais, Walter Lassally. Lui et moi avions déjà tourné cinq films ensemble, mais peut-être était-il déjà pris sur un autre film. Humbert Balsan, l’un des producteurs de Quartet, m’a recommandé Pierre Lhomme.
C’était bien avant le début des années 1990 et mon arrivée à l’AFC, je ne faisais pas partie des connaissances de Pierre Lhomme mais j’ai souvenir d’être tombé en admiration, comme d’autres apprentis opérateurs de ma génération, devant les images de Quatre nuits d’un rêveur (1971), La Chair de l’orchidée (1974), L’Ombre des châteaux (1976), Mortelle randonnée (1983), par exemple. Que chaque film puisse donner aux petits jeunots de notre espèce l’impression d’un "sans faute", il semblait évident que l’opérateur derrière sa cellule et son verre de contraste fût un Monsieur.
La carrière de Pierre Lhomme traverse près de cinquante ans de cinéma français, passant avec la même aisance et les mêmes exigences d’Alain Cavalier à Chris Marker, de Jean Eustache à James Ivory, de Joris Ivens à René Féret, de Jean-Pierre Melville à Jean-Paul Rappeneau, de Marguerite Duras à Patrice Chéreau, de Robert Bresson à Bruno Nuytten…, collaborations riches par leur diversité qui se nourrissent d’une observation attentive et ininterrompue de la lumière naturelle sous toutes ses formes : « Je fais mon œil partout, dans la rue, au cinéma. Je suis très curieux de regards, d’ambiances, de climats. La réalité est une source d’inspiration prodigieuse ». (P. L.)
Pierre, c’est le prénom de mon frère jumeau… Lhomme, c’est peut-être le plus beau des noms de famille... Pierre Lhomme, c’est un cinéaste qui m’a donné un jour l’envie d’essayer de raconter à mon tour des histoires avec des cadres, de la lumière et des ombres…
Dans ce petit monde du cinéma, on se connaît tous, enfin presque. Il y a ceux qui ont fréquenté les mêmes écoles, ceux de votre réseau. Il y a ceux avec lesquels on a noué des liens d’amitié, de fidélité. Et puis, beaucoup plus rares, il y a ceux de votre famille.