17 fois Cécile Cassard

Cécile Cassard (ou 17 fois des questions de lumière...
« C’est à l’occasion de l’une des séances de travail avec Christophe Honoré que la lumière ou l’inspiration s’est faite, au gré de recherches parfois hasardeuses ou osées, souvent inconnues mais toujours très excitantes. Ce film représente donc un travail assez particulier sur les matières, textures, grains ... que la pellicule nous permet de rendre, ce après un passage extrêmement intéressant au laboratoire (j’y reviendrai un peu plus tard).
Je suis aussi très heureux de présenter ce film alors que je viens juste d’entrer comme membre actif à l’AFC. Ce film représente ce à quoi je crois le plus dans le travail de collaboration avec un metteur en scène : du sens dans les images. J’espère y être parvenu.
Pourquoi 17 fois une réflexion sur la lumière ?
Tout simplement parce que 17 moments de la construction d’une femme à un moment charnière de sa vie, 17 fois un rapport à l’ombre, au soleil, au noir, 17 fois un rapport très charnel aux éléments qui l’entourent. D’un deuil lisse, sombre et gris sans soleil. D’une vie rythmée d’un crépuscule permanent où le soleil ne ferait pas sa course journalière, à bouger, à faire vivre les ombres. D’un univers fermé, séquencé uniquement par des femmes... A l’explosion permanente des couleurs, du vent, des ombres et du contraste qui font sa vie. A la présence aussi de la texture de la pellicule par son grain, son fourmillement.
J’ai donc construit scène par scène un rapport charnel de Cecile Cassard au processus de révélation de la lumière autour du personnage : choix de différentes qualités de pellicule par leur grain, leur contraste et leur rapport aux couleurs ainsi que choix du développement au labo. Ce film s’est tourné en Kodak 5246,5274,5279 en sous-développement, normal poussé, sans blanchiment et sans blanchiment grain fin et en inversible 5285 en bain négatif (cross process). Ces différentes matières rendues sur la pellicule m’ont permis de générer 17 textures correspondant chacune à un univers particulier des scènes. Je précise aussi qu’il était très important pour le réalisateur et moi-même de ne pas se soumettre à l’étalonnage numérique pour des raisons d’éthiques par rapport à l’argentique (également pour des raisons financières mais qui n’ont pas été décisives). Il est encore possible de travailler sur le négatif et au labo : c’est un des moments de recherche très excitant et assez long (nous avons eu la chance d’avoir beaucoup de temps de préparation). Cette recherche, assez empirique, a été l’occasion avec Christophe et le labo de nous repositionner face à la chimie et d’admirer nos ancêtres pour certaines de leurs prouesses techniques et photographiques de l’époque (iris prise de vues, glaces semi aluminées, double impression...)
J’aurai l’occasion de reparler du film lors de sa projection. »