A propos d’Artus de Penguern…

Par Vincent Mathias, AFC
J’ai rencontré Artus en 1999 pour tourner son court métrage Le Gang des télés. C’était un film dans le pur style d’Artus : humour noir grinçant et décalé, esthétique soignée, image noir et blanc. J’appréciais particulièrement son univers.

Plus tard, nous nous sommes lancés dans l’aventure de Grégoire Moulin contre l’humanité, un film riche en situations dingues, en personnages drôles et méchants. Grégoire Moulin – Artus –, est victime de tout ce monde qui l’empêche d’atteindre celle qu’il aime.
Ce fut un tournage mémorable. A la fois tendu, sérieux, efficace… Des crises de rires et parfois des crises de nerfs...
J’étais son premier spectateur lorsqu’il était devant la caméra. Au-delà de l’aspect technique, il avait besoin d’un retour sur son travail.

Nous étions complices. Artus me faisait confiance, il demandait mon avis, écoutait mes suggestions sur la mise en scène ou le jeu. Je partageais son enthousiasme, je restais calme pendant la tempête.
C’était son film, une vraie comédie d’auteur, sans concession. L’image était singulière, étalonnée dans les tons monochromes orangés qu’il appréciait. Artus était aussi exigeant sur la forme, que sur le récit ou sur l’interprétation de ses acteurs.
Si le succès n’a pas été au rendez-vous, le film a acquis une vraie reconnaissance au fil des années.

Il a fallu attendre onze ans avant de se relancer dans un nouveau long métrage. Pendant ces années, nous avons tourné ensemble quelques publicités et des films courts.
Douze ans après son jubilatoire court métrage La Polyclinique de l’amour, photographié par Rémy Chevrin, La Clinique de l’amour s’est finalement tourné au Luxembourg et en Belgique pour exister.
C’était une comédie dans la continuité de Grégoire Moulin.
John Marshall plongé dans l’univers impitoyable de la clinique familiale.
Toujours cette cascade de situations absurdes, ces personnages maladroits, méchants, égoïstes, malveillants qui se débattent contre les bons, les amoureux, les dévoués.

Le tournage était plus simple que celui de Grégoire Moulin, et nous avions plus d’expérience. Néanmoins, l’exigence d’Artus restait inflexible avec la production, les comédiens et les techniciens. C’est ainsi qu’il a créé cet univers tellement singulier qui était le sien.
Sur ce film, Artus souhaitait une image douce, lumineuse, en contraste avec la dureté des personnages… J’étais heureux du résultat et je trouve le film vraiment réussi.
Pour la deuxième fois, le public n’a pas suivi, c’est bien dommage pour lui et pour Artus.
Je n’aurais jamais imaginé que ce serait son dernier film. Si je l’avais su, je lui aurais dit encore merci de m’avoir entraîné dans ses aventures…

De ceux de l’ours, Artus est passé dans d’autres bras. Pourvu qu’ils soient aussi doux…

Artus de Penguern - Photo Vincent Mathias
Artus de Penguern
Photo Vincent Mathias
  • Lire ou relire le texte de Vincent Mathias AFC à propos de son travail sur La Clinique de l’amour, paru dans la Lettre de l’AFC n°221 de juin 2012.

Le Gang des télés, c’est l’histoire de l’enlèvement d’une télévision contre rançon. Après le bug de l’an 2000 qui avait causé l’implosion de presque toutes les télévisions, les restantes se revendent des fortunes. Un couple, victime de ce rapt, propose même d’échanger leur fillette pour récupérer leur télévision…

  • Voir en ligne sur YouTube La Polyclinique de l’amour. A voir également : Si le présentateur du 20h avait des pieds de porcs et Un excellent dossier.