Artistes et techniciens bénéficient de l’embellie de la production française

par Nathalie Quéruel

La Lettre AFC n°166

Le Monde, 15 mai 2007

Après la crise des années 2001-2003, marquée par une délocalisation importante des films et téléfilms vers des pays à faibles coûts de main-d’œuvre,la dernière étude de la Commission du film d’Ile-de-France estime à 132 000 le nombre de personnes employées dans ce secteur en 2005, soit 8 % de plus qu’en 2004.

C’est dans la région parisienne que cet effectif est concentré et qu’il a le plus fortement progressé : +9 %. Cette dynamique a davantage bénéficié aux intermittents : le nombre de ceux qui ont travaillé en 2005 a augmenté de 10 %, tandis que la part des salariés permanents s’est améliorée de 5 %.
La bonne santé de la filière s’explique par la montée en puissance des aides publiques. Le crédit d’impôt, mis en place pour le cinéma en 2004 et étendu à l’audiovisuel en 2005, pour une partie des dépenses de production effectuées en France, a généré un apport estimé à 60 millions d’euros. Le financement des régions s’est développé : en Ile-de-France, ce soutien est passé de 4 millions d’euros en 2002 à 14 millions en 2005.
Le CNC fait le même constat. En 2006, le nombre de semaines de tournage de films à l’étranger a reculé de 25 % par rapport à l’année précédente. Pour Thierry de Segonzac, président de la FICAM, le crédit d’impôt a opéré un retournement spectaculaire : « En 2006, nous évaluons l’impact de ces tournages relocalisés et leur équivalent en prestations de postproduction à 150 000 journées de travail créées pour l’audiovisuel, le cinéma et les industries techniques. »

Pourtant, du côté des syndicats, l’enthousiasme n’est pas à son comble et l’étude de la Commission du film d’Ile-de-France pointe la complexité de ce marché de l’emploi. En 2005, l’augmentation de la masse salariale dans la région, estimée à 7,4 %, est moins forte que celle du nombre de personnes employées (+9 %). Ce qui signifie, pour ces dernières, des niveaux de salaire moins élevés ou des périodes de travail plus courtes.
Le défi de la régulation du nombre d’intermittents demeure donc entier. Visiblement, le durcissement du régime de l’assurance-chômage n’a pas eu l’effet repoussoir escompté, tout en fragilisant certaines personnes, comme les plus de 50 ans.
(Nathalie Quéruel, Le Monde, 15 mai 2007)