Astérix et Obélix : Misssion Cléopâtre

par Laurent Dailland

par Laurent Dailland La Lettre AFC n°107

Après les premiers retours des essais, j’ai eu une grande angoisse. J’avais très peur de la définition des plans larges après un passage par une chaîne 2K. Alors, j’ai fait un caprice. J’ai ressorti une caméra VistaVision.
Finalement l’étalonnage numérique 2K a aligné le tout, et je ne trouve pas que les plans tournés en VistaVision (les plans très larges ou ceux comprenant des matte-paintings) aient plus de pêche que les autres. Seule la perspective (puisque, à champ équivalent, les plans sont tournés en plus longue focale) donne un côté " péplum ".
C’est un film très doré et l’utilisation de filtres colorés a compliqué les choses. Maintenant je sais qu’il vaut mieux faire une courbe de scan avec le filtrage. J’ai réussi à obtenir un résultat plus satisfaisant en tournant sans filtre. J’ai l’impression que ces machines numériques ont besoin d’un maximum d’informations pour travailler. Ça change la méthode de travail.
Si nous nous sommes un peu "lâchés" dans la scène du Sphinx, ou que nous sommes allés jusqu’à chercher des réglages extrêmes pour la scène des pirates c’est que nous nous sommes habitués très vite aux dominantes fortes. Mais pousser trop loin le côté BD peut vite faire tourner les bleus à un bleu "incrust". Il faut se limiter pour donner à l’image une impression de naturel, sinon les aberrations numériques apparaissent et la saturation de couleur devient laide. A l’étalonnage numérique, nous avons d’abord cherché à obtenir le bleu " Uderzo " et finalement en regardant les albums on s’est aperçu qu’il n’y a pas un ciel pareil...
Enfant, la toute première BD d’Astérix que j’ai reçue et que je garde maintenant précieusement, c’est Astérix et Cléopâtre, chose que, par timidité, je n’ai pas avouée à Uderzo, lorsqu’il est passé sur le tournage.

(Propos recueillis par Isabelle Scala)