Au-delà

Hereafter
Ecrit par le scénariste britannique Peter Morgan (The Last King of Scotland, The Queen), Au-delà relate les destins parallèles de trois personnes ayant côtoyé la mort d’une façon ou d’une autre. Trois protagonistes, trois continents, trois différentes façons d’aborder leur univers respectif.
Clint Eastwood et Matt Damon
Clint Eastwood et Matt Damon


A San Francisco, George (Matt Damon) un homme ayant le don – plutôt un mauvais sort selon lui – de communiquer avec les êtres disparus.
A Paris, Marie (Cécile de France), présentatrice télé, traumatisée par le tsunami qui a secoué l’Asie du Sud-Est, survivante d’une expérience de mort imminente.
A Londres, la vie de Marcus (Frankie McLaren) bascule le jour où son frère est victime d’un accident.
George, Marie et Marcus sont guidés par le même besoin de savoir. Leurs destinées vont finir par se croiser.

Vous travaillez depuis trente ans avec Clint Eastwood, qu’attend-il de vous en général ?

Tom Stern : Efficacité et respect envers les comédiens.
N’oublions pas que, à la base, Clint est comédien. Dans ses rêves, si la technique peut s’éclipser, c’est l’idéal ; c’est ce que je m’efforce de faire.
Avant chaque film, je cherche dans des livres des images qui pourraient servir de référence.
Je colle une dizaine de " post-it " sur ces images qui me semblent convenir à l’esprit du film. Il les regarde et, de temps en temps, en change quelques-uns de place et c’est tout. Nos discussions se résument en un débat de trente secondes : image plus ou moins dense, tonalité de couleur.

George McLaren
George McLaren


Et pour ce film, en particulier ?

TS : En fait l’image de Hereafter est plus colorée et moins contraste que dans les autres films de Clint Eastwood. Je dirais que je me suis moins obstiné que d’habitude.

Comment Clint Eastwood a t-il abordé le sujet de ce film ?

TS : Comme dans tous ses films, il pose des questions mais ne donne pas de réponses. N’étant ni cynique, ni démonstratif, il estime que les gens qui vont voir ses films sont suffisamment intelligents pour penser par eux-mêmes.
A mon avis c’est une question qui traverse l’esprit de tout humain, mais qui reste dans l’ombre. Il ne veut pas exposer son point de vue, il laisse le choix.

Ce film met en scène trois personnages…

TS : Oui c’est comme la trame d’un tissage, trois fils distincts qui se déroulent suivant un rythme bien précis (1 2 3, 1 2 3), dans trois mondes très différents.
On a tourné en France, en Angleterre et aux Etats-Unis.
Il était important pour moi que le spectateur identifie immédiatement où il se trouve ; j’ai donc choisi un univers visuel, complété par un étalonnage numérique précis pour chaque lieu qu’il s’agisse d’un Paris moderne, de l’ambiance " middle class " d’un vieux quartier de San Francisco, ou bien de la misère d’un HLM ouvrier de Londres.
Ces lieux reflètent les personnages de ce film. Mais, n’en parlons pas davantage, je préfère que vous découvriez les images sur grand écran. J’ajouterais que je travaille toujours en étroite collaboration avec la déco, les couleurs et la luminosité ayant une importance fondamentale à mes yeux.

Comment a été tournée la scène du tsunami ?

TS : Pour le tsunami, nous avons utilisé des éléments tournés à Hawaii et des prises de vues effectuées aux studios de Shepparton de Londres.
Michael Owens, le superviseur des effets spéciaux qui collabore avec nous depuis Space Cowboys a effectué un travail d’effets numériques remarquable, tout en ayant à l’esprit l’histoire du film ; c’est ce qui fait sa force.

A gauche, Matt Damon
A gauche, Matt Damon


Quels ont été les choix techniques ?

TS : En termes d’outils, on n’a pas vraiment changé notre méthode de travail habituelle. Le film est tourné en 35 mm anamorphique (en vrai Scope), avec la série d’optiques que j’utilise depuis Mystic River. Une série C sur laquelle Panavision me fait des petits réglages à chaque nouveau tournage. La pellicule est de la Fuji Eterna Vivid 160 et Vivid 500.
On a tourné en un peu moins de 40 jours, à raison de 9 à 10 heures par jour. C’est la norme des films de Clint Eastwood. Mais, travailler avec lui est la preuve qu’il n’est pas nécessaire qu’un tournage devienne un cauchemar, malgré le rythme soutenu. Tout est bien réglé. Et nos relations avec les fournisseurs, tels que les laboratoires Technicolor ou Panavision, relèvent du partenariat et non du simple business. Tout est une question de fidélité générée par l’esprit très fidèle de Clint.

Comment s’est passée la postproduction ?

TS : Le DI (intermédiaire numérique) est devenu une partie majeure de mon travail que je finalise, dans la mesure du possible, avec Jill Bogdanowitz chez Technicolor à Los Angeles. Forts d’une dizaine de films étalonnés ensemble, nous avons élaboré une sorte de boîte à outils que nous utilisons pour les réglages de contraste, grain et désaturation.
J’ai suivi les récents dialogues qui circulent au sein de l’AFC ; je constate que mon contrat comporte toujours une clause relative à l’étalonnage du film que je photographie. Non seulement, j’ai le droit d’y collaborer, mais je suis payé pour faire mon travail.

Quels sont vos projets ?

TS : Le prochain film de Clint Eastwood sur John Edgar Hoover, un personnage compliqué qui a été le directeur du FBI durant 48 ans. Le rôle de Hoover sera interprété par Lenoardo Di Caprio. Je rentre de préparation ; le tournage commence le 7 février à Los Angeles, jusqu’à début avril.
Mais là, je pars au Cap. Quelques jours d’été avant de retrouver l’hiver…

(Propos recueillis par Isabelle Scala)

Technique

Pellicules : Fuji Eterna Vivid 160 et Vivid 500
Matériel caméra : Panavision,
Optiques anamorphiques série C