"Aurélie Filippetti présente son Acte 2"

La Lettre AFC n°242

Dans son numéro daté du 25 avril 2014, l’hebdomadaire Le film français publie un entretien avec Aurélie Filippetti dans lequel la ministre de la Culture et de la Communication évoque les dossiers d’actualité et les priorités qu’elle veut donner à son action.

Répondant aux question du Film français, Aurélie Filippetti aborde le Festival de Cannes, les Assises pour la diversité du cinéma, son financement en France, l’exploitation, la distributions des œuvres et la " chronologie des médias, la diffusion des films sur la Toile, le récent rapport de la Cour des comptes. La fin de cet entretien a pour sujet la relative baisse du nombre des tournages, la fragilité des industries techniques et le Forum de Chaillot et l’avenir de la culture en Europe.

Voici un extrait de la fin de cet entretien.

En cinéma, les chiffres du début d’année attestent d’une baisse de l’ordre de 40 % des tournages...
Je regarde avec attention ces premiers chiffres, qui peuvent être source d’inquiétude. Il est trop tôt pour tirer des conclusions, des prévisions à venir sur le nombre de tournages pouvant s’annoncer plus rassurantes.
Nous sommes donc dans une situation paradoxale où, dans le même temps, la France connaît un regain en termes de fréquentation des salles, +19 % en trois mois, en particulier en faveur des films français, qui bénéficient de 46 % de parts de marché.

Cette baisse impacte les industries techniques qui étaient déjà fragilisées. Eclair a traversé une période difficile, Monal Group vient de faire partir 80 personnes...
Il est possible de penser qu’il y a des éléments de contexte général, économique. Les mesures issues du Pacte de res­ponsabilité vont permettre d’irriguer ce réseau d’entreprises du secteur. L’lfcic est aussi là pour les accompagner. Nous avons réalisé un gros travail avec la BPI et le CGI pour orien­ter des financements vers les entreprises des industries créatives. Dans le cas du groupe Eclair, nous avons suivi et accompagné la restructuration de son capital avec l’entrée du FCDE, qui est une filiale de la BPI. Avec Frédérique Bredin, nous sommes très attentives à ces entreprises porteuses de savoir-faire et d’emplois en France et qui affrontent avec lucidité la transition numérique.

Pour finir sur le Forum de Chaillot, avez-vous senti un changement chez vos homologues européens un an après ?
Le changement d’état d’esprit est considérable sur l’excep­tion culturelle, sur le droit d’auteur. Quand je les ai réunis il y a un an, sur l’exception culturelle, nous ne savions pas si nous allions gagner, ni même sur la Communication cinéma et audiovisuel. Ils étaient quasiment tous minoritaires dans leur gouvernement, or certains ont pris un risque. Puis nous avons gagné une belle victoire ensemble et nous restons vigi­lants sur l’accord transatlantique. Je tiens à saluer l’action de mon collègue allemand, Bernd Neumann, qui a passé le flambeau à Monika Grütters, elle aussi une défenseure active de l’exception culturelle. Les ministres de la Culture sont maintenant à la pointe de la mobilisation. Je ne crois pas qu’il y ait une solidarité semblable dans d’autres secteurs. Nous sommes fiers sachant que nous sommes portés d’abord par les artistes européens. Que le président de la République vienne au Forum a été extrêmement bien ressenti par mes homologues européens et la marque d’un soutien fort à la Culture. Nous sommes dans une autre dynamique, même si le rapport de force n’est pas inversé avec la Commission européenne qui conserve le poids de l’institution, ainsi qu’une certaine vision du marché et de la concurrence. Mais le man­dat donné à la Commission, issu du Forum, a été très clair.

(Propos recueillis par Sarah Drouhaud et Laurent Cotillon, Le film français, 25 avril 2014)