Bernard Zitzermann, "un type bien"

Par Jean-François Robin, AFC
Lorsqu’un de nos "collègues" disparaît, il est de bon ton d’écrire une espèce "d’oraison", comme le faisait Bossuet. Nous n’avons pas le talent de Bossuet et le propos n’est pas de briller. Mais simplement de dire, comme moi, qui ai peu de souvenirs de Zizi, que ce souvenir qu’il a laissé dans ma mémoire n’est que rire, sympathie et chaleur.

Il avait du recul sur tout, sur son travail, sur ses amis. Quand je regarde sa filmographie, je vois que nous avons fréquenté les mêmes metteurs en scène, Philippe de Broca, René Féret, Alexandre Arcady, Alain Tanner, Patrice Leconte...
A nos débuts, nous avons tourné plusieurs séquences de film à deux caméras, notamment avec Frédéric Rossif lors de la construction de Beaubourg, lors d’un film sur Georges Braque... Je l’avais même remplacé quelques jours sur Le Diable au cœur, de Bernard Queysanne, avec Emmanuelle Riva et Jane Birkin. « Il faut que j’aille divorcer, tu verras, c’est facile ! ». C’était vrai, le tournage s’était très bien passé, le divorce, je ne l’ai jamais su. C’était un proche de Queysanne et de Georges Pérec, de Niki de Saint Phalle aussi, il aimait les artistes. Il en était un.

Avec les images du Molière, d’Ariane Mnouchkine, il a laissé une empreinte magistrale sur les films d’époque, il a même eu un César et ce César-là, il était plus que mérité.
Avec des hommes comme lui, inutile de se complaire dans les souvenirs soi-disant émouvants, il suffit de dire que « c’était un type bien » et tout est dit, restera la chaleur de l’homme et son talent. On se souviendra de lui longtemps.