Beur blanc rouge

Je quitte l’Espagne où je viens de finir Le Septième jour de Carlos Saura et je rejoins Mahmoud Zemmouri à Alger pour commencer le tournage de Beur blanc rouge. Quitter une tragédie espagnole pour " rentrer " dans une comédie algérienne (sensée se passer à Paris et tournée pour une grande part à Alger, coproduction oblige), quitter une équipe espagnole pour une équipe algéroise... fut une bien belle aventure.

Mes copains chef électro et chef machino me rejoignent à Alger avec un peu de bijoute.
Mahmoud me raconte qu’il faut tourner ici « tout ce qui est possible en décor intérieur Paris », y compris une séquence primordiale qui se passera durant le match de foot France Algérie qui s’est réellement déroulé en 2001 à Paris au Stade de France (les plans du match tournés en Beta numérique rachetés à TF1 seront kinescopés). Recréer au stade d’Alger, dans cet univers de béton des années 1960, de nuit, l’ambiance raccord des tribunes du Stade de France, avec comme seule possibilité d’utiliser les projecteurs existants (toutes couleurs et températures variables...), ne fut pas évident.
Qui plus est, les jours de tournage, ils ont explosé les uns après les autres à cause de la neige ! (la neige à Alger ?, ça n’est pas vraiment courant...), avec, comme figuration, deux bandes rivales de banlieue d’Alger qui se bastonnaient entre (et pendant) les prises... Les acteurs au milieu. Pas besoin du vrai match pour l’ambiance...
Seule la fin du film se passe à Alger : le tournage dans l’avenue Didouche Mourad, avec ce soleil magnifique (revenu bien sûr) sur ces façades blanches aux fenêtres bleues, cette vie, cette circulation intense, restera un grand souvenir.
Après une interruption, il faut préparer, organiser le tournage Paris.
Il se tournera en extérieur et essentiellement de nuit, ce qui a déterminé mon choix pour la pellicule Fuji 250 Daylight et 500 Tungstène (très belle pellicule pour les nuits peu éclairées).

Une grande partie de l’équipe algérienne nous rejoindra à Paris (on ne remplace pas une équipe qui gagne...). Le tournage à Paris fut tout aussi coloré... Quelques jolis souvenirs me reviennent en mémoire : le tournage à Roissy Charles-de-Gaulle où nous étions tous un peu pris pour des terroristes, celui à la Butte-aux-Cailles (décor principal de Paris) où il fallait tous les jours demander de nouvelles autorisations de tournage et de branchements sauvages (le plus souvent chez l’habitant, faute de groupe électrogène trop onéreux), celui du dernier raccord du Stade de France tourné au stade de Colombes pour la pelouse plus verte que celle d’Alger ! Et encore sous la neige...
Pour conclure, la postprod fut tout aussi " rock and roll ". Le négatif a changé de labo, Centrimage ayant suspendu tous travaux photochimiques juste avant l’interpositif.

Un grand merci à toute l’équipe d’Eclair : Frédéric Bazin, Daniel Langenfeld, Alain Castagnier, Fredéric Casnin, Alain Guarda, d’avoir bien voulu " récupérer le bébé " à trois semaines de la sortie du film. Les copies n’en sont que meilleures...

Technique

Pellicules : Fuji 250 Daylight et 500 Tungstène
Laboratoires : Centrimage (négatif) et Eclair (interpositif et copies)
Etalonnage : Alain Guarda