"Caméflex Amiens", la lumière au cinéma

Par Alain Coiffier

La Lettre AFC n°226

" Caméflex Amiens " associe le nom d’une caméra ô combien mytique à celui d’une ville hôte d’un festival de cinéma de renommée internationale. Le Festival du film d’Amiens et l’AFC se sont associés pour créer " Caméflex Amiens ", nouvelle manifestation dédiée aux directeurs de la photographie qu’Alain Coiffier, qui l’a initiée, présente en quelques mots.
À la base d’un chef-d’œuvre, il y a bien souvent une rencontre importante, une complicité fondatrice, un binôme à l’alchimie complexe : le réalisateur et le directeur de la photographie du film.
Orson Welles et Greg Toland ; Ingmar Bergman et Sven Nykvist ; Jean-Luc Godard et Raoul Coutard ; Eric Rohmer et Nestor Almendros ; Ruy Guerra et Ricardo Aronovich ; les exemples ne manquent pas de ces collaborations profondes qui nous ont permis de contempler tant de chefs-d’œuvre.
Le cinéma est un théâtre d’ombres et de lumières.
De là nous est venu ce besoin d’une manifestation dédiée à l’art de la lumière qui associe à la plénitude du récit la force de l’image, une manifestation qui n’existe plus en France depuis que Kodak a dû interrompre les rencontres Lumière de Chalon.
Mettre en vedette et honorer les peintres de la pellicule qui traduisent en images le talent du metteur en scène et le décuplent, voilà l’idée que nous étions nombreux à vouloir mettre en œuvre.
Donner un vaste coup de projecteur sur une profession insuffisamment reconnue en ces années de transformations douloureuses dues à la révolution numérique et à la remise en cause du support film.
Une profession, un art, qui doivent se réinventer profondément pour continuer à entretenir et préserver la magie du cinéma que nous aimons.
Voilà ce que nous proposerons dans quelques semaines – et chaque année – dans le cadre du Festival international du film d’Amiens.
Ce sera le Caméflex – Amiens.
Une manifestation née de la rencontre entre les membres de l’AFC et le directeur artistique du Festival du film d’Amiens, Fabien Gaffez, que j’ai eu l’initiative et le privilège de réunir ensemble.
Mon propre parcours dans le cinéma, dans la production d’abord – avec Jean-Pierre Rassam et Claude Berri – puis dans le film publicitaire – Channel Films - puis dans les laboratoires – Madrid Film Lab – puis chez Alga et Panavision, m’a toujours permis, au fil des années, d’entretenir des rapports étroits, amicaux et souvent passionnés avec les directeurs de la photo côtoyés au quotidien des plateaux, des salles d’étalonnage et des bancs de préparation des caméras.
La photo a toujours été pour moi empreinte d’une sensibilité spéciale - je suis aussi photographe – et c’est un grand plaisir aujourd’hui de pouvoir être à la base de ce projet dont j’assure la coordination sous le contrôle de Fabien Gaffez et de l’organisation du Festival d’Amiens.
Pourquoi le Caméflex ?
Caméflex parce que c’est le nom d’une caméra mythique inventée en France en 1947 par les techniciens des Etablissements Eclair qui avait conquis rapidement tous les directeurs photographie français et bien d’autres aussi hors de nos frontières.
La première caméra 35mm reflex, portable et rechargeable sur le plateau, la caméra qui avait bouleversé alors l’écriture cinématographique par sa maniabilité et qui fut adoptée dans les années 1960 par tous les réalisateurs de la Nouvelle Vague, puis par la génération de Claude Lelouch aussi bien que par Orson Welles, Stanley Kubrick et bien d’autres metteurs en scène et opérateurs.
Pourquoi Amiens ?
Le Festival international du film d’Amiens, depuis ses débuts, a toujours su tisser de façon spectaculaire des liens particuliers avec les cinématographies les plus variées.
Amiens est le lieu de la diversité et du raffinement en matière de films, sans complexes ni obligations.
Avec une spéciale attention pour la lumière, et c’est ce qui nous a amenés à créer cette manifestation dans cette ville, dans le cadre de ce festival, si proche de Paris, si proche de nous, par la distance et par la sensibilité.
L’an passé, Amiens rendait un hommage magnifique aux directeurs de la photo mexicains, avec « Lumières mexicaines ».
Eh bien, à partir de cette année, place à Amiens en partenariat avec les directeurs photographie de l’AFC, à la beauté et à la force du langage de la lumière, sans laquelle le cinéma n’existerait pas !
Place au Caméflex !
Alain COIFFIER