Camerimage, une alternance entre diverses formes de transmission

Une contribution de Margot Besson, étudiante à La Fémis

Dans le cadre de la présence à Camerimage d’étudiants de l’ENS Louis-Lumière et de La Fémis, l’AFC leur a proposé de contribuer d’une manière ou d’une autre aux articles publiés sur le site et relayés par les infolettres. Margot Besson, de La Fémis, a joué le jeu et livre quant à elle ses impressions générales, d’une part, et revient sur l’alternance entre diverses formes de transmission qu’offre Camerimage et sur un film qui l’a particulièrement marquée, d’autre part.

J’ai participé au festival Camerimage pour la première fois cette année. J’en garde un souvenir global très positif puisque l’ambiance y est extrêmement sympathique, des gens de toutes nationalités se mélangent dans une atmosphère festive. Bien sûr je n’ai pas pu participer à tous les événements étant donné la quantité de projections, conférences, discussions, installations... mais je suis très satisfaite d’avoir pu durant toute une semaine alterner entre diverses formes de transmission.
La présence des fabricants de matériel est intéressante et essentielle car elle permet de se renseigner sur les nouveautés techniques et d’être en contact directement avec les professionnels, qui sont d’après mon expérience personnelle, toujours ravis de nous répondre et de discuter. Je pense que la force de Camerimage réside également dans le fait que des chefs opérateurs et opératrices du monde entier viennent généreusement transmettre leurs connaissances et ressentis, et pas seulement d’un point de vue technique. Je pense en particulier à Kseniya Serada, cheffe opératrice de Beanpole (réalisé par Kantemir Balagov). Il était passionnant de l’entendre parler de considérations techniques, concernant le grain et l’éclairage des peaux. Mais durant le Q&A elle a aussi abordé d’autres sujets, notamment les références esthétiques du film, la peinture hollandaise, le lien entre chaque couleur et chaque personnage, mais surtout sa relation sur le plateau au réalisateur et aux comédiennes, je trouve cela primordial en tant qu’étudiante, d’entendre le récit concret d’expériences de tournage.

J’aimerais également évoquer le documentaire (polonais et islandais) In Touch, réalisé par Paweł Ziemilski et mis en images par Filip Drożdż, qui aborde très délicatement le sujet des séparations familiales. Beaucoup d’enfants de familles polonaises émigrent vers l’Islande. La prise de vues est faite en Pologne mais chaque plan comporte une vidéo-projection du membre de la famille en Islande.
Ces projections prennent différentes formes, et s’intègrent toujours dans l’espace avec précision : sur des façades de maisons, sur un terrain de football, au creux d’une main... Le film regorge d’idées visuelles, chaque plan est d’une minutie remarquable : la forme des projections correspond parfaitement à l’espace choisi pour l’accueillir.

Concernant la rétrospective, il me semble important que des gens comme Peter Greenaway soient présents, son rapport à la technique est bien sûr différent de celui d’un chef opérateur et permet de prendre une distance, et de se concentrer sur d’autres aspects de l’image cinématographique, qui lui semblent plus essentiels et qui sont loin de considérations techniques. J’ai retrouvé ce regard chez Christopher Doyle, qui nous a montré ses expérimentations esthétiques et partagé beaucoup d’émotions personnelles concernant son travail. Toutes ces rencontres et le fait qu’une grande diversité de films soit projetée (documentaires, fictions, courts ou longs, d’un grand nombre de nationalités différentes), permettent de mettre en perspective la multitude d’éléments qui constituent le travail complexe de chef opérateur.

En vignette de cet article, une image du film
In Touch, de Paweł Ziemilski.