Chicas

Je dois avouer avoir été surpris et flatté quand Yasmina Reza m’a appelé pour photographier son premier film en tant que réalisatrice – auparavant elle avait écrit le scénario du Pique-nique de Lulu Kreutz réalisé par Didier Martigny.
J’avais lu quelques unes de ses pièces, et une auteur de théâtre aussi talentueuse, aussi célébrée, mais aussi jalousée et courtisée m’impressionnait.

Lors de notre première rencontre – initiée par son assistante Zazie Carcedo que je remercie encore - Yasmina m’interroge sur notre collaboration sur le plateau, comment vont se dérouler les mises en place et la préparation. Elle cherche avant tout des partenaires pour l’accompagner dans cette nouvelle expérience et l’aider à trouver sa propre méthode.
Plus tard et en compagnie de Denis Renault notre chef décorateur, nous regarderons des séquences de films, des photos et des peintures qui nous aiderons à définir les couleurs du film, les ambiances. Mais pour ce qui est du cadre, tout reste ouvert : pas de principes, pas d’interdit. Yasmina construit sa mise en scène sur le plateau, avec ses acteurs. Une première proposition de cadre la fait très vite réagir : à partir de là nous construisons de proche en proche un découpage de la séquence.
Pour ne pas nous piéger sur le plateau, nous décidons d’organiser en préparation 2 jours et demi de répétitions sur le plateau pour toutes les séquences de l’appartement. Je filme tout en vidéo en laissant Yasmina mettre en place différentes options. Parfois je l’interromps brièvement pour lui montrer un plan, un axe intéressant, et elle réajuste sa mise en scène en fonction. Après ces séances indispensables, nous visionnons ce que j’ai filmé et nous établissons sur le papier un découpage de principe pour toutes les séquences de l’appartement, ce qui représente près de la moitié du film.
Dès les premiers jours de tournage à Malaga, Yasmina s’enthousiasme pour les quelques plans en caméra portée que nous tournons et désormais nous n’utiliserons quasiment plus la tête fluide. Je regrette de ne pas avoir su déceler plus tôt ce désir caché qui m’a imposé 7 semaines de Moviecam Compact sur l’épaule ou, quand je le pouvais, suspendue à une potence. Par la suite Yasmina s’est avérée très directive sur le cadre, et je n’ai pas réussi à l’emmener dans des mouvements et des cadres plus audacieux que nous permettait ce principe.
La lumière dans l’appartement de Pilar (Carmen Maura) devait imperceptiblement porter l’histoire vers la scène, avec un peu d’artifice. Nous avons tourné cette partie en décor ainsi que d’autres séquences d’intérieurs comme la chambre de Christal (Christèle Tual).

Le personnage d’Aurélia interprété par la vibrante Valérie Dréville, se projette à deux reprises dans l’univers de la pièce de théâtre qu’elle répète. Pour ces moments particuliers, nous avons scanné le négatif et étalonné numériquement.
De même pour l’évocation du passé en Espagne tourné en 16 mm Kodak avec une Paillard Bolex ou une Aaton LTR avec un vieux zoom 12-120 pour avoir un retour vidéo.
A part deux autres séquences truquées et donc numérisées chez Duboi, dont l’une avec une légère perte de définition que je ne m’explique pas, tout le film a suivi la chaîne photochimique classique chez LTC. L’étalonnage était assuré par Christophe Lucotte.

Équipe

1ers assistants caméra : Marie Demaison et Jean-Paul Toraille
2e assistante caméra : Marie Célette
Chef électricien : Stéphane Assié
Chef machiniste : Nicolas Eon

Technique

Tournage en Fuji 250 T et 500 T sauf les souvenirs espagnols en 16 mm Kodak (7205).
Tirage positif sur Fuji également.
Caméra Moviecam Compact de chez Alga avec une série Cooke S4 et deux zooms 20-60 et 25-250 Cooke.
Machinerie : KGS Panagrip.
Lumière : Transpalux.