Claude Faraldo, "une belle personne"

par Dominique Gentil
Moment d’émotion au bureau de l’AFC, ce mardi 5 février, nous retrouvant, comme souvent, quelques minutes avant la projection de l’avant-première. Willy Kurant nous informe du décès de Claude Faraldo, metteur en scène...

Troublante, cette annonce, où, par bonne coïncidence, nous étions quatre à avoir collaboré avec lui. Étienne Fauduet, assistant image pour le film Themroc en 1973, Willy Kurant pour Flagrants désirs en 1986 et j’ai assisté Armand Marco pour Tabarnac, ma première aventure cinématographique, insolite, autour d’un groupe de rock canadien et, par la suite, assistant pour un beau film avec Jean-Pierre Sentier et Jean-François Stevenin, Deux lions au soleil, en 1980.
Claude Faraldo, cinéaste, est une émergence directe des années post 68, son premier film, Bof... Anatomie d’un livreur, (d’inspiration autobiographique), puis Themroc, étrange film, sans parole mais avec cris et grognements où Michel Piccoli recherche l’identité humaine originale et transforme son appartement en caverne préhistorique.

Ses origines prolétaires, qu’il revendiquait énergiquement – né d’une famille d’émigrés italiens, ayant grandi dans les cités de la Butte rouge à Robinson –, ont déterminé son écriture et ses films.
Privilégiant à tout prix le jeu des acteurs, leur vérité, il tournait dans la continuité de longs plans séquences, souvent avec deux caméras, évitant les conventionnels champs contre-champs. S’il s’agit de cinéma direct, c’est dans ses propos et la façon de filmer, mais ses films étaient précis, écrits et travaillés.

Claude était intéressé par la technique à la façon d’un fraiseur, cela à juste titre car Themroc est le premier film tourné en Super 16 et gonflé en 35 mm. Etienne pourrait raconter comment Claude Ruellan a limé les fenêtres de deux Coutant Eclair 16. Claude était un fervent utilisateur de la Louma, de grues artisanales, de longs travellings. Tabarnac est gonflé en 70 mm pour favoriser une meilleure diffusion du son.
Je repense à cette époque où avec une idée, une énergie et une avance sur recette !!!, le cinéma se faisait avec une innocente évidence.

Je pense à tes tous jeunes enfants, Latifa leur maman, à ton fils Jules et à Évelyne ta compagne de toujours. Claude était " une belle personne ", expression qu’il aimait utiliser pour parler des gens qu’il estimait.
Avec toute mon affection.