Cœur animal

Dès notre rencontre Séverine me raconte le pitch : un paysan traite mieux ses vaches que sa femme. Elle s’est amusée de ma stupéfaction et m’a rassuré en m’expliquant qu’elle voulait traiter l’histoire d’un couple de paysans de haute montagne qui, faute de se parler, commence à se déchirer.
Elle a choisi de tourner sur l’alpage d’Anzeindaz, dans les Alpes suisses, à 1 900 m d’altitude, parce qu’entouré d’un panorama somptueux mais isolé du reste du monde et inaccessible par mauvais temps.
Carlo Varini à la caméra - Sur le tournage de <i>Cœur animal</i> de Séverine Cornamusaz
Carlo Varini à la caméra
Sur le tournage de Cœur animal de Séverine Cornamusaz

Pendant le découpage, nous nous sommes amusés à jouer de la perspective immensément riche aux parois bouchées comme des murs selon l’état d’âme des personnages, un décor digne de western.
Les contraintes de ce décor nous ont obligés à faire des choix techniques importants :
L’équipe (comédiens compris) était réduite au nombre de lits disponibles sur l’alpage.
La météo imprévisible et instable nous a fait tourner selon un plan de travail réglé plutôt sur la météo que sur le calendrier. Tous les matins au petit déjeuner on décidait quelles scènes tourner et quel " cover set " devait être prêt.
Les intérieurs très exigus nous ont fait choisir le matériel le plus compact possible : beaucoup de Doigts de fée qu’on pouvait scotcher hors champ sans risquer de brûler les poutres. Un petit groupe de 10 kW très léger et très bruyant qu’on déplaçait selon les besoins de l’ingénieur du son Henri Maikoff.
Un mini plateau de travelling. Avant de choisir une petite caméra, j’ai fait des essais comparatifs, projetés en 35 mm, entre la Sony 750 et la PMW-EX1 (j’aurais préféré la EX-3, mais elle n’était pas encore commercialisée en Europe). Je me suis bien amusé avec cette petite caméra semi-professionnelle après avoir essayé ses limites et trouvé ses avantages.
Les animaux nous ont obligés à vivre à leur rythme : aller chercher les vaches à l’aube, répéter méticuleusement tous les plans de la scène de la traite avant que les vaches ne soient dans l’étable pour pouvoir les tourner tous pendant une vraie traite. Zouki, le chien berger faisait facilement tout ce qu’on lui demandait, s’il n’était pas dans le champ, il se mettait devant la caméra et nous faisait des propositions. Il avait tout compris du cinéma. Une fois le film fini, il a même fait une petite dépression.
L’étalonnage numérique a été fait par Patrick Lindenmaier chez Andromeda Film AG à Zurich, avec une facilité étonnante sur un Nitritis personnel très amélioré. Le shoot sur Arrilaser chez Arri à Munich et les copies chez Schwarz Film à Berne sur Kodak.

Un grand merci à l’assistant caméra Leandro Monti, à l’équipe électro-machino Nil Henchoz et Johan Adam, aux décorateurs Fabrizio Nicora et Philippe Bron, à Patrick Schranz, Mathilde Mélèse, Vanessa Lam. Et à la réalisatrice Séverine Cornamusaz pour nous avoir fait confiance et nous avoir entrainés dans une aventure inoubliable.

Carlo Varini, chapeau sur la tête, sur l'alpage d'Anzeindaz (Suisse) - De gauche à droite : Pawel Janick, cascadeur, Johan Adam, chef machiniste, et un guide doublure (allongé)
Carlo Varini, chapeau sur la tête, sur l’alpage d’Anzeindaz (Suisse)
De gauche à droite : Pawel Janick, cascadeur, Johan Adam, chef machiniste, et un guide doublure (allongé)


Le cheval - Mise en place à l'alpage
Le cheval
Mise en place à l’alpage


Le salon du refuge est devenu un café
Le salon du refuge est devenu un café


Sur le tatami - Séverine, Carlo, Leandro et Olivier
Sur le tatami
Séverine, Carlo, Leandro et Olivier


Avant la piqure - Travelling intérieur salon
Avant la piqure
Travelling intérieur salon



En attendant que la vache s'endorme - Intérieur étable
En attendant que la vache s’endorme
Intérieur étable


Dimanche - Extérieur jour, soleil
Dimanche
Extérieur jour, soleil


  • NB Les photo-montages panoramiques illustrant cet article sont de Henri Maikoff, le chef opérateur du son de Cœur animal.