D’une pierre deux coups

Très beau film, très beau scénario. Et j’ai vraiment à nouveau compris combien c’était difficile pour un(e) réalisateur(trice) de réaliser son film, tout en voulant garder sa narration, son style. Sans faire de concession, en écoutant les avis et conseils de chacun, mais sans jamais abdiquer. Ni contre le manque de moyens ni contre le manque de temps. Un vrai parcours de combattant. Et savoir s’entourer d’une production, d’une équipe, technique et artistique, des gens qui y croient.

J’ai rencontré Fejria il y a plusieurs années, et notre amitié était déjà soudée.
Elle aimait les ambiances éclairées, où, dans les films, on ne cache pas le fait que ce soit du cinéma. C’est-à-dire qu’on filme des personnes avec de la lumière, pour les voir, pour voir leur regard, pour voir le grain de leur peau. Et si l’éclairage se voit ou se ressent, tant mieux. Et si l’éclairage n’est pas toujours justifié, et bien tant pis.

Je préfère aller dans une direction où l’on sent la lumière, mais pour cela il faut qu’elle soit "belle", pas esthétique mais qu’elle ait un sens, donc cela demande d’avoir un peu de temps. Si l’on en a pas, je préfère aller vers un concept de lumière qui ne se voit pas trop - disons qui sache se faire (un peu) oublier.

Avec Fejria, je me suis donc retrouvée dans "l’entre-deux". Une lumière qui se voit mais sans avoir trop de temps pour cela. Et en même temps, en l’assumant totalement.
Et je la remercie finalement de m’avoir amenée sur un terrain sur lequel je ne me sentais pas si à l’aise, au fond de moi-même. Mais je savais pourquoi Fejria me le demandait. Elle raconte une histoire, donc nous pouvons l’interpréter ensemble en utilisant nos outils de cinéma, en l’occurrence des projecteurs, sans avoir peur de faire "un peu du faux", à partir du moment où l’on suit l’histoire, et que cela peut servir les personnes que l’on filme, qui sont là aussi pour interpréter des personnages.

Cela paraît très simple et évident, mais il fallait que je le comprenne ainsi, avec à nouveau un élément incontournable : le manque de temps (nous avons tourné le film en vingt-cinq jours).

Et merci aux projecteurs LED qui étaient constamment collés au plus près du plafond, car nous avons tourné dans un appartement d’un vrai HLM. Nous avons triché sur la hauteur de l’étage de l’appartement car nous avons tourné dans un rez-de-chaussée et installé une découverte d’un immeuble que nous avions pris en photo avec un appareil 5D, comme si nous étions en hauteur. Ce qui nous permettait de jongler avec les vrais jours, les faux jours, les vraies nuits et les fausses nuits, en cette période hivernale de tournage. Et de faire du faux effet soleil également. Car si on fait une lumière qui peut se voir, alors faisons aussi une lumière qui peut être joyeuse. En recréant du soleil direct, et aussi du reflet de soleil qui entre dans la cuisine venant du reflet des vitres de l’immeuble imaginaire d’en face. Imaginaire car c’était donc la découverte.

Les plans dans la gare et le RER ont été tournés avec un 5D, en mode "reportage" bien discret. Avec une poignée d’amis de Fejria qui étaient là comme des voyageurs, pour entourer Zahane, la personnage principale.

Et un grand merci à toute l’équipe de Fejria, à la production et à Didier Diaz, sans qui le film n’aurait pu se tourner, ainsi qu’à Marie Vermillard pour ses précieux conseils.

Portfolio

Équipe

Assistants opérateurs : Laurent Coltelloni et Sabine Rombaut
Electricité et machinerie : Marianne Lamour, Jean-Philippe Labille, Pauline Raimbault

Technique

Matériel caméra : Transpacam (Sony F55 avec boîtier RAW et Cooke S4)
Matériel lumière, machinerie : Transpalux, Transpagrip
Etalonnage : Cosmodigital, Philippe Perot et Aurélie Laumont