Dans Paris

A l’occasion de la sortie en salles, le 4 octobre 2006, de Dans Paris, de Christophe Honoré, le directeur de la photographie Jean-Louis Vialard, AFC, parle de son travail sur le film, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs lors du 59e Festival de Cannes.
Romain Duris et Joana Preiss
Romain Duris et Joana Preiss

Avec ce film au titre très français, Jean-Louis Vialard tourne pour la première fois un long métrage... En France et donc à Paris ! En effet, sorti de Vaugirard depuis vingt ans, Jean-Louis travaille surtout à l’étranger sur des longs métrages (Tropical Malady...) et sur des documentaires.
Enthousiasmé par la photo créative de Rémy Chevrin sur 17 fois Cécile Cassard et séduit par le scénario de Dans Paris, Jean-Louis aborde cette première rencontre avec beaucoup d’entrain. Il nous parle de son travail sur ce film et avec le réalisateur Christophe Honoré.

L’histoire de Dans Paris racontée par Jean-Louis Vialard
C’est une belle histoire de famille et d’amour. Le scénario est en deux temps : une première partie qui s’étale sur plusieurs mois et qui dure une vingtaine de minutes dans le film. C’est la relation de Romain (Romain Duris) et de Joana (Joana Preiss). Puis une deuxième période qui se déroule sur vingt-quatre heures et dure une heure dix où Romain retourne dans l’appartement familial, retrouve son père (Guy Marchand) et son plus jeune frère (Louis Garrel). Je tiens à souligner que Louis Garrel est formidable : drôle, émouvant, spontané. Il a une sorte de plasticité visuelle un peu à la Buster Keaton et un charisme à l’écran assez incroyable. Christophe Honoré est un écrivain qui a écrit des livres pour enfant et un roman autobiographique où il mêle fiction et réalité. Il parle d’ailleurs du tournage de son dernier film, Ma mère.

Avez-vous parlé de films de référence avant le tournage ?

Jean-Louis Vialard : Oui, Christophe m’a parlé du film de Woody Allen Hannah et ses sœurs. Je trouvais que l’image avait assez mal vieilli mais il aimait que les acteurs soient assez éclairés, pas trop contraste avec une lumière assez neutre. Je lui ai à mon tour parlé de deux films que j’adore Little Odessa de James Gray et Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry. Le premier pour les intérieurs et extérieurs nuit et le deuxième pour les extérieurs jour assez magenta et monochrome.
Avec le chef décorateur, Samuel Deshors, et le costumier, Pierre Carritrot, on a essayé de se donner des codes couleurs un peu automnal, des marrons, des roses passés. Pour les extérieurs jour, j’ai mis un filtre plein magenta pour tuer un peu les verts. On s’était mis d’accord pour ne pas avoir d’éléments bleus.

Comment as-tu fait pour les ciels ?
JLV : On a tourné en hiver alors les ciels sont bien souvent gris. Sauf pour une scène, il y avait du soleil ce jour-là et ça tombait bien car c’est un moment dans la narration où l’on a l’impression que les choses vont s’arranger.

Quels ont été tes choix techniques pour aller vers une lumière peu contraste et neutre ?
JLV : Pour les intérieurs jour, les lampes sont allumées, comme on peut le faire l’hiver. Mais il n’y a pas d’effets lampe sur les comédiens. J’ai utilisé la Kodak 5205 que j’ai parfois poussée d’un diaph et pour les extérieurs nuits, j’ai choisi la Kodak Expression 5229 pour avoir un contraste pas trop élevé et des visages doux. Cela m’a permis de ne pas trop rééclairer les ombres. Pour la douceur, j’ai aussi choisi les Cooke S4. Normalement, pour des raisons budgétaires, je n’y avais pas droit mais chez Alga, on a été très compréhensif !
De même que, pour la lumière, et toujours pour des raisons économiques, j’ai réduit ma liste quatre fois, puis Thérèse Chevalier, chez Ciné Lumières, m’a un peu aidé en étant très conciliante... Je peux dire que toute l’équipe a été formidable et qu’il fallait bien s’entendre pour tourner dans des décors minuscules, c’était un peu "rock", le blimp frottait contre les murs pendant les travellings...

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