"Dans les rues d’Aurillac, scènes de lutte contre la convention Unedic"

Par Laure Andrillon

Le Monde, 23 août 2014
A Aurillac, l’appel à la manifestation contre l’accord sur l’assurance-chômage du 22 mars dans le cadre de la 29e édition du Festival international de théâtre de rue a rassemblé près de 2 000 personnes, selon la préfecture, entre 3 000 et 5 000 selon la CGT, vendredi après-midi dans les rues de la ville.

La manifestation, programmée par la CGT Cantal en amont du festival, avait été annoncée par 12 000 tracts distribués au public, demandant l’abrogation de l’ensemble de la nouvelle convention Unedic, sans se limiter aux annexes 8 et 10 des intermittents du spectacle. Thierry Bonhoure, secrétaire général de l’Union départementale CGT du Cantal, insistait vendredi : « Ce n’est pas une manifestation des intermittents, mais un appel à tous les salariés pour lutter contre la précarité des chômeurs. »
Le cortège de manifestants, réunissant « des intermittents du spectacle, mais aussi des salariés d’Aurillac et des gens du public », est parti vers 13 heures du sud de la ville, avant de terminer devant la préfecture, selon le représentant syndical. « On était tous solidaires contre l’attaque des droits sociaux que constitue la nouvelle convention de l’assurance-chômage et sur la nécessité d’une riposte commune », a précisé de son côté Loïc Canitrot, membre de la coordination des intermittents et précaires et de la CGT-Spectacle.

La programmation officielle maintenue
En fin d’après-midi, une centaine de personnes occupaient l’hôtel de ville d’Aurillac, a de son côté indiqué à l’AFP le maire de la ville, Pierre Mathonier, qui a reçu une « délégation de six personnes [lui] demandant notamment l’abrogation de cette convention ». Agréée par le gouvernement le 26 juin, elle durcit les conditions d’indemnisations des intermittents et des cadres.
Tous les spectacles de la programmation officielle ont été maintenus, ont précisé les organisateurs du festival, qui se déroule cette année du 20 au 23 août. Une grève, votée jeudi 21 août par une assemblée d’une cinquantaine de personnes, n’a en effet été déclarée vendredi matin que par 21 compagnies de passage sur les 570 programmées au festival. « Faire grève, ce n’est jamais facile, et d’autant plus à Aurillac, où près de la moitié des troupes sont amateures », explique Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT- Spectacle. Beaucoup de compagnies annoncent : « On défend la cause, mais on jouera. »

Lieu d’un « redémarrage » de la contestation
Selon Thierry Bonhoure, le cadre d’expression des artistes de rue est propice à l’engagement : « C’est une démarche artistique particulière que de s’exprimer dans la rue. Les artistes investissent l’espace public, ce sont eux qui doivent se faire une place. » Le public, lui, est particulièrement divers : « A Aurillac, il n’y a pas que le public parisien qui va souvent au théâtre, ou des militants, mais aussi des gens de tous les horizons, venus pour le côté artistique ou pour l’aspect festif. Certains ont même découvert l’art dans ce festival », précise-t-il.
L’objet de cette manifestation était aussi de réactiver la mobilisation après les festivals d’Avignon et de Chalon au mois de juillet, Aurillac étant le dernier grand rendez-vous des troupes pour cet été. Le lieu, la date, le public : pour le secrétaire général de la CGT-Spectacle, qui aspire à ce que « le mouvement tienne dans la durée », Aurillac a en effet le potentiel pour être le lieu d’un « redémarrage », d’une « rentrée après l’accalmie du mois d’août ».
Depuis le mois de juillet, une concertation sur le régime des intermittents réunit le député PS Jean-Patrick Gille, l’ancienne codirectrice du festival d’Avignon Hortense Archambault et l’ancien directeur général du travail Jean-Denis Combrexelle. Ils doivent remettre au premier ministre, Manuel Valls, au plus tard en décembre, des propositions en vue de réformer les annexes 8 et 10 des intermittents.

(Laure Andrillon, Le Monde->https://www.lemonde.fr/culture/article/2014/08/23/a-aurillac-la-rue-devient-la-scene-de-la-lutte-contre-la-nouvelle-convention-unedic_4475760_3246.html], samedi 23 août 2014)