De retour du festival Vision du réel de Nyon

par Jimmy Glasberg

La Lettre AFC n°166

Après une première présentation à Beaubourg lors de la dernière Nuit Blanche, les " PUMs " trouvent donc place sur un grand écran.
Invité au festival Vision du réel à Nyon, au bord du lac Léman en Suisse, j’ai présenté mes " PUMs ". Projetés en boucle, en introduction des films en compétition, dans une salle de 350 places.

La citation du philosophe David Hume « La répétition ne change rien dans l’objet, mais elle change quelque chose dans l’esprit qui le contemple » apparaît sur l’écran en préface.

Le PUM, comme je l’ai déjà exposé ici précédemment, est un plan séquence réalisé avec une caméra poing numérique de poche, j’utilise un appareil photo canon Ixus à carte mémoire. Le PUM est une entité filmique à l’état brut, c’est-à-dire sans montage ni son additif. Il se visionne en boucle et c’est la répétition qui lui donne son authenticité.

Dans le catalogue de présentation du festival Bertrand Bacqué, théoricien, critique et enseignant genevois écrit :
Psychanalyser Un Monstre. Particule Unifiée Mondiale, Pulsion Ultra Minimaliste. Procédé Utile Media. Panorama Universel Mouvant.
Un PUM, c’est un peu tout cela. Un pied de nez, à l’heure des appareils numériques ou des caméras incluses dans les téléphones portables. Quelque chose d’à la fois très primitif et très moderne. Un jeu visuel ultra-minimaliste et une prise de position sur l’art de filmer. Une réflexion sur le temps et une forme de gag visuel….

La maîtrise du PUM suppose une véritable pensée du plan-séquence et du geste cinématographique. En somme, il est le fruit apparemment désinvolte d’une pratique savante… C’est avant tout une expérience très sérieusement ludique … La " caméra poing ". Non pas la " caméra stylo " dont rêvait Alexandre Astruc dans les années cinquante, autrement dit la caméra idéale du romancier, mais caméra poing, comme un coup de poing, prolongement du corps beaucoup plus que de l’œil ou de l’esprit. Jamais le geste de filmer n’a été plus incarné, plus physique, plus matériel. C’est aussi un geste esthétique puisqu’il s’agit de maîtriser le temps autant que le mouvement, c’est-à-dire le plan séquence, la boucle, la répétition. Comme dans la musique répétitive, l’unité sera chaque fois identique mais la séquence chaque fois différente. Enfin, il s’agit de trouver le lieu de la coupe, ou plutôt de la " collure ", de la suture. Parfois même, elle est " invisible ".

Je tiens à remercier ici mon ami Roger Ikhlef qui a su ajuster ces plans séquences pour trouver la suture à l’image près.
Au cours de mon séjour à Nyon, j’ai eu le plaisir de rencontrer Alain Cavalier devenu un " Filmeur " hors pair avec qui j’ai pu échanger quelques idées sur l’artisanat cinématographique.
Je vais continuer à présenter ces Pulsions Ultra Minimalistes en souhaitant trouver bientôt les moyens de les exposer dans des écrans plats avec mémoire intégrée que l’on pourra accrocher au mur comme des tableaux animés.
Peut-être une renaissance de l’origine du cinéma, un hommage aux Opérateurs Lumière.