"De toutes nos forces", un film qui fait parler pour un entretien croisé entre Laurent Machuel, AFC, et Luc Poullain

Laurent Machuel, AFC, directeur de la photographie du dernier long métrage de Nils Tavernier De toutes nos forces, a accepté de nous parler de cette aventure cinématographique. En écho, Luc Poullain, pilote et PDG d’ACS France, nous a donné son retour sur ce long métrage.
Hélicoptère équipé d'une Super G2 en montagne - DR
Hélicoptère équipé d’une Super G2 en montagne
DR

Laurent Machuel : La phase de préparation est essentielle à l’élaboration des plans aériens. Les séquences sportives de ce film ont été dans un premier temps " storybordées " puis dans un deuxième temps nous avons fait plusieurs réunions avec Nils Tavernier, Luc Poullain, Guinal Riou le directeur de production et moi même afin de travailler sur la meilleure façon de réaliser les plans aériens. Je souhaitais utiliser la même caméra que pour le reste du tournage, une Red Epic et un zoom Angénieux Optimo 24-290 mm pour pouvoir faire des plans en très longue focale

Luc Poullain : Beaucoup d’échanges ont eu lieu entre Nils Tarvernier et Laurent Machuel pour évoquer le matériel, la possibilité de faire des " top shots " sur le départ de la course, la façon de filmer les athlètes lors de la mise à l’eau, amener de l’énergie à l’image pour le départ de la course.

LM : L’épreuve de l’Ironman a été tournée en deux temps. Nous avons commencé par le jour de l’épreuve réelle, au mois de juin, où les acteurs étaient immergés au milieu des 2 700 vrais athlètes. La suite du tournage a eu lieu deux mois et demi plus tard, lorsque l’épreuve a été en partie reconstituée.
Lors de l’épreuve réelle, nous disposions de sept caméras : une sur hélicoptère, plusieurs Steadicam (dont un sur un bateau), des caméras épaule dans la foule des nageurs et de très longues focales depuis des balcons bien placés... Les plans aériens étaient essentiels pour l’ouverture du film dans la lumière magique de l’aube sur la mer. Il s’agissait de l’épreuve réelle donc pas de répétition...
Jim Swanson (le cadreur) et Luc sont partis en solo pour le tournage de ces plans, le reste de l’équipe étant mobilisé au sol pour le tournage des autres plans, d’où l’importance d’une bonne préparation. L’hélicoptère est ensuite parti en montagne au dessus de Nice où se déroule la partie cycliste de l’épreuve. De la même manière, ils avaient un cahier des charges bien précis mais ils ont aussi eu l’opportunité de tourner des plans magnifiques qui n’étaient pas prévus et qui ont tout de même été montés.

LP : Nous avons pu profiter d’un moment vraiment magique avec les premiers rayons du soleil sur la baie de Nice. La fenêtre de tir était très serrée à cause de la proximité avec les pistes de l’aéroport mais nous avons eu de la chance avec la direction du vent et les conditions météo.

LM : L’autre séquence hélico du film était plus simple à gérer. Il s’agissait de plans en haute montagne dans les Alpes, toujours très tôt au lever du soleil. Tout d’abord, je pouvais être à bord pour guider les plans et ensuite nous avons encore eu beaucoup de chance avec la lumière du matin. Il venait de neiger sur les hauteurs et cela au mois d’août et c’était très beau ! Nous avons pu travailler en très longue focale autour de la cime alors que le soleil apparaissait à l’horizon.

LP : Nils Tavernier nous avait exprimé ses envies. Il m’avait sensibilisé la veille sur les impressions qu’il souhaitait obtenir avec nos images. Pour le reste, nous avons été guidés par Laurent. Encore une fois, nous avions tout sur place pour réaliser ces belles images.
Je m’attendais à travailler avec beaucoup de vent et craignais de ne pas pouvoir évoluer à mon aise. La portance de l’air à cette altitude est réduite, surtout avec le matériel que nous avions à bord (tête gyro-stabilisée Super G2). Là encore, la lumière était magnifique et le site choisi pour suspendre un cordiste en plein travail de soudure, avec 3 200 mètres sous les pieds nous a bien aidés.

LM : Mais pour ce type de prises de vues, il faut aussi avoir un peu de chance. Le jour du départ de l’Ironman, les conditions climatiques et la qualité de la lumière étaient au RDV et nous avons pu tourner dans les meilleures conditions. Un signe ?
J’avais déjà eu l’occasion de travailler avec ACS sur Le Premier cercle, de Laurent Tuel : un plan séquence hélico au-dessus d’un Zodiac en pleine vitesse dans des conditions assez difficiles et nous avions été très satisfaits du résultat. J’aime beaucoup travailler avec Jim et Luc, la qualité de leur écoute et leur créativité sont très appréciables. Ils ont un vrai sens pictural et cinématographique.

Pour en savoir plus
Sur Laurent Machuel, AFC

Sur De toutes nos forces :
ACS France sur Ironman
Détails sur l’équipe et la technique.