Disparition du cinéaste Raoul Ruiz

La Lettre AFC n°212

Le cinéaste franco-chilien Raoul Ruiz est mort à Paris, vendredi 19 août, à l’âge de 70 ans.
Dans un entretien pour les Cahiers du cinéma réalisé en 1983, il avait déclaré : « Je pense qu’en France, il est très difficile de faire comprendre aux gens que ce que l’on appelle le baroque est une économie. C’est une façon d’économiser et pas une dépense. Il ne faut pas mélanger le baroque et le rococo mais plutôt le comparer à un certain restaurant à midi ; il y a très peu d’espace, où on met le maximum de gens, pour avoir le maximum de clients. »

L’an dernier, le réalisateur avait reçu le prix Louis-Delluc pour son film Mystères de Lisbonne, centré sur la vie de l’aristocratie portugaise du XIXe siècle.

Né le 25 juillet 1941 au Chili, Raoul Ruiz, amoureux de littérature, avait étudié le droit et la théologie avant d’écrire de nombreuses pièces de théâtre. Il présente son premier long métrage, Tres tigres tristes, l’histoire croisée de trois personnages à Santiago, au Festival de Locarno en 1969.

En 1973, le réalisateur s’exile en France à l’avènement de la dictature de Pinochet dans son pays. Il tourne en 1974 Dialogue d’exilés, inspiré de son expérience de réfugié politique.

En 1979 il réalise L’Hypothèse du tableau volé, réflexion sur l’art et ses secrets. Les Cahiers du cinéma lui consacrent un numéro entier en mars 1983. On le rattache à la tradition d’un fantastique typiquement latino-américain, une manière de relire des récits populaires à la lumière d’un surréalisme particulier, de décrypter le monde à l’aide d’une cartographie imaginaire et secrète avec des films comme Les Trois couronnes du matelot ou La Ville des pirates (1983).

A partir des années 1990, il signe des films plus légers, Généalogies d’un crime (1996) ou La Comédie de l’innocence (2000). En 1995, il tourne Trois vies et une seule mort, l’un des derniers rôles de Marcello Mastroianni, qui y interprète un personnage aux multiples personnalités.
Le cinéaste signe également plusieurs adaptations de romans, dont Le Temps retrouvé, en 1998, d’après Marcel Proust. En 2004, il décide de retourner dans son pays natal : il y réalise Dias de campo, dans une veine intimiste, puis y signe le drame romanesque Le Domaine perdu.
Source : Le Monde.fr