"Du Kinemacolor au Technicolor"

Séance de conférences du Conservatoire des techniques cinématographiques

La Lettre AFC n°261

Dans le cadre du festival "Toute la mémoire du monde", qui a lieu du 3 au 7 février 2016 à la Cinémathèque française, le Conservatoire des techniques cinématographiques, animé par Laurent Mannoni, propose, lors de sa prochaine séance, une évocation des parcours de procédés de cinéma en couleurs entre 1911 et 1935, "Du Kinemacolor au Technicolor".

Présentation de la caméra Technicolor et du projecteur Kinemacolor (collection de la Cinémathèque française)
Conférences de Benoît Turquety, Laurent Mannoni, Céline Ruivo, Jean-Pierre Verscheure, avec projections de films rarissimes.

En 1911, le Kinemacolor de Charles Urban et George Albert Smith, dont les premiers essais datent de 1906, rencontre un certain succès. Il s’agit d’un procédé bichrome à succession d’images pour projection additive. La caméra est équipée d’un obturateur à deux secteurs colorés rouge-orangé et bleu-vert. Le positif est projeté avec un projecteur équipé d’écrans semblables à la prise de vues, afin que les couleurs soient projetées alternativement par leurs filtres respectifs. Si la vitesse de projection est de 32 images/seconde, au lieu de 16, les deux couleurs se mélangent. Benoît Turquety expliquera le parcours de ce procédé étonnant qui a produit de nombreux films, aujourd’hui méconnus.

Le procédé bichrome, puis trichrome, proposé par la firme Technicolor créée en 1915, est plus complexe. La plus belle caméra de tous les temps, dont un exemplaire a été déposé à la Cinémathèque française en 2015 par la société Technicolor, a été fabriquée à partir de 1932 par la société Mitchell, sur les plans fournis par Technicolor et par J. Arthur Ball. Trois films négatifs 35 mm sont utilisés, ce qui explique la largeur inhabituelle du magasin. Deux couloirs de prise de vues, avec mécanismes d’avance synchronisés à griffes, entraînent les trois pellicules par intermittence au foyer de l’objectif. Celui-ci capte les images et les envoie à l’intérieur de la caméra sur un bloc de verre, composé de deux prismes séparé par une fine couche d’or qui se laisse traverser directement par une partie des rayons lumineux, tandis qu’elle en réfléchit une autre partie en jouant le rôle de miroir à 45°. Une merveille de précision, décrite par Laurent Mannoni. Des films magnifiques produits par les plus grands studios, dont la stratégie sera expliquée par Céline Ruivo. La généralisation de la couleur et l’arrivée du Cinémascope, narrée par Jean-Pierre Verscheure avec projections.

Benoît Turquety est maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne. Il est diplômé de l’École nationale supérieure Louis-Lumière, et docteur en Esthétique, sciences et technologies des arts, spécialité cinéma, de l’Université Paris 8. Il a publié plusieurs articles pour 1895, Trafic et Vertigo, dont Cinéma, couleur, mouvement : Kinémacolor et abstraction pour la revue Eu-topías en 2011 et Le naturel et le mécanique : le Kinémacolor à la conquête de Paris, ou Charles Urban vs. Charles Pathé pour 1895 en 2014. Il est l’auteur de Inventer le cinéma, épistémologie : problèmes, machines, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2014.

Laurent Mannoni est directeur scientifique du patrimoine à la Cinémathèque française. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur les débuts du cinéma. Il a été le commissaire d’une douzaine d’expositions et prépare une nouvelle exposition qui sera présentée à La Cinémathèque française à l’automne 2016 : "La Machine cinéma".

Céline Ruivo est directrice des collections films de la Cinémathèque française depuis 2011. Elle est diplômée du certificat de la Jeffrey Selznick School of Film Preservation, George Eastman House, et a travaillé dans le service de restauration des laboratoires Éclair. Elle est l’auteure d’une thèse Le Technicolor trichrome : histoire d’un procédé et enjeux de sa restauration à l’Université de Paris 3 - Sorbonne Nouvelle sous la direction de François Thomas. Elle a publié plusieurs articles dans Sight and Sound, Moving Image et 1895.

Jean-Pierre Verscheure est professeur à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle (INSAS) de Bruxelles, est membre du conseil scientifique du Conservatoire des techniques et de plusieurs associations internationales. Il est à l’origine d’un centre d’études et de recherches sur l’évolution des techniques cinématographiques, Cinévolution, dans lequel plus de 75 systèmes sonores ont été restaurés.

Vendredi 5 février 2016 à 14h30
Salle Henri-Langlois
Cinémathèque française
51, rue de Bercy - Paris 12e

Prochaine conférence
Vendredi 11 mars 2016 à 14h30 : "Mikros, trente année d’images de synthèse", par Edouard Valton.