Editorial de La lettre 154

par Jean-Jacques Bouhon

Lors de notre assemblée générale, Eric a tenu à commencer la séance par une discussion sur l’état des lieux de notre profession. C’était un signe pour montrer que notre association est plus que jamais attentive à la situation économique et politique - au sens le plus large du terme - du cinéma français. Plusieurs idées sont sorties de ces échanges et notamment qu’il faut que nous gardions les yeux ouverts et que nous cherchions à unir nos forces à celles de nos partenaires et des autres associations pour conserver au cinéma français ce qui fait sa spécificité, c’est-à-dire combattre pour conserver ce statut d’exception culturelle qui est actuellement le seul garant de sa pérennité. Il ne faut pas se faire d’illusions, le danger est bien réel de voir notre environnement culturel " colonisé " (et pas seulement par le géant américain, mais par une politique " libérale " à outrance, d’où qu’elle vienne) et que l’édifice créateur mais fragile, patiemment construit depuis des années grâce au système qui nous est propre, s’écroule, entraînant dans sa chute une grande partie des acteurs de notre art, techniciens, comédiens, fabricants, prestataires, industries techniques.

C’est pourquoi nous avons besoin d’une AFC vivante, aux aguets et à l’avant-garde de la lutte pour la qualité des œuvres auxquelles nous participons et pour la conservation d’un système qui garantisse une vraie créativité et pas seulement la production de produits de consommation instantanée. Et pour cela, l’AFC a besoin du soutien et de la participation de tous ses membres.

Lors du dernier conseil d’administration, nous avons créé six commissions, qui sont " chapeautées " par des membres du conseil et auxquelles je vous engage vivement à participer dans la mesure de vos disponibilités :

Charte de l’image (Diane Baratier, Caroline Champetier)

Relations extérieures (Robert Alazraki, Armand Marco)

Edition - Lettre (Jean-Noël Ferragut)

Relations avec nos associés (Gérard de Battista, Dominique Gentil)

Education - Formation (Eric Guichard)

Evénements (Jean-Noël Ferragut)

Il est évident que le combat pour la Charte de l’image ne s’est pas terminé avec sa rédaction et son édition. C’est un travail de tous les jours et il nous faut continuer à la faire connaître, l’améliorer, engager la discussion avec tous les partenaires possibles, et particulièrement les producteurs et les distributeurs. Trop de gens pensent encore qu’il s’agit d’un combat " corporatiste " et nous devons absolument dissiper ce malentendu. J’ai été contacté par Pascal Buron (Mikros Image), qui dirige la commission technique de la Ficam. Il propose à l’AFC, au nom de cette fédération, de participer, aux côtés de la CST, à une réflexion sur les tournages numériques et sur les filières de postproduction. Ce travail me semble être en droite ligne de la conception de la Charte et je pense qu’il nous faut y participer activement.

Le prochain numéro de Lumières doit paraître à l’automne. Nous allons prochainement tenir un comité de rédaction pour finaliser son sommaire. Toutes les (bonnes) idées sont bienvenues, mais, surtout, nous allons avoir besoin de membres actifs pour participer aux entretiens. Alors, si vous avez envie d’y collaborer, n’hésitez pas à vous signaler auprès de Nathalie.

Nous avons tenu une réunion avec nos amis de l’AFCF, dont Berto, son nouveau président, le mardi 25 avril. Nous sommes convenus de nous rencontrer régulièrement et de travailler désormais plus étroitement ensemble. Les occasions ne manqueront pas.

Vous trouverez en annexe de cette Lettre un manifeste, que nous avons signé aux côtés d’autres associations professionnelles : l’AFAR (association des assistants réalisateurs), l’AFCF (Association Française des Cadreurs de Fiction), LMA (Les Monteurs associés) et LSA (Les Scriptes associées). Il s’agit de réagir face à la multiplication des stagiaires conventionnés sur les tournages, qui viennent de plus en plus remplacer les stagiaires payés et parfois même les assistants. En tant que directeurs de la photographie, nous avons une responsabilité de formation des membres de notre équipe et nous sommes des chefs de poste ; nous ne pouvions donc manquer de réagir face à ce problème

Vous trouverez également un texte du Canard enchaîné, que nous ont signalé Pierre Lhomme et Jean-César Chiabaut, à propos de la manière dont son réalisateur parle du tournage de La Marche de l’empereur en oubliant ses principaux collaborateurs et la façon dont le tournage s’est passé. Je pense qu’il était du devoir de l’AFC de relever ce manque d’élégance. Si vous avez lu Lumières, notre nouvelle revue, vous savez déjà pas mal de choses sur le déroulement de ce tournage.

Voilà, j’ai été un peu long, mais je voulais vous dire dans quel état d’esprit j’ai pris ma nouvelle fonction à l’AFC et vous signaler quelques faits ou événements pour moi significatifs de la place de l’AFC dans le " paysage audiovisuel ". Bien sûr, je travaille activement pour notre association depuis pas mal de temps. Cela n’a jamais été dans l’idée d’y faire "carrière" (quelle carrière d’ailleurs...) et ma décision de me présenter à vos suffrages a été très tardive. Mon souhait le plus cher est de voir de plus en plus de membres participer à nos activités. Je sais que ce n’est pas toujours facile, mais, comme je l’ai dit un jour lors d’une assemblée générale, l’AFC c’est vous et sans vous l’AFC n’est rien.

Je vous remercie vivement de m’avoir accordé votre confiance et espère être digne de vous.