Convention nationale, 21 septembre 1792 - 26 octobre 1795

Pierre Schoeller, réalisateur

La Lettre AFC n°233

[ English ] [ français ]

En ce temps, on débattait aussi d’une Convention, plus précisément, on y débattait.
Cette Convention nationale comptait 749 députés élus au suffrage direct, pour la première fois dans l’histoire de ce pays, la distinction entre citoyen actif et passif ayant été supprimée.

La Convention siégera du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795. Trois années pendant lesquelles fut abolie la royauté, proclamée la République une et indivisible, élaborée et votée une nouvelle constitution, une deuxième pour la France. La Constitution de 1793. Elle ne fut effective que quelques mois.
Je ne résiste pas au plaisir de vous citer quelques articles :
Art. 23 La garantie sociale consiste dans l’action de tous pour assurer à chacun la jouissance et la conservation de ses droits ; cette garantie repose sur la souveraineté nationale.
Art. 29 Chaque citoyen a un droit égal de concourir à la formation de la loi et à la nomination de ses mandataires ou de ses agents.
Art. 34 Il y a oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
Art. 35 (et dernier) Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

Voilà ce qui s’est dit, ce qui s’est pensé, ce qui s’est décidé d’un commun accord en juin 1793.

On le sent, on se l’avoue plus ou moins aujourd’hui, cette Convention collective nous oblige à repenser nos pratiques. À redéfinir notre rapport à l’économique. Pourquoi la discussion est-elle si violente ? Si dramatisée par quelques-uns ? Pourquoi cette amère impression d’un débat confisqué ? D’une écoute fermée par les arguments de la peur ? Comment se fait-il que la transparence des coûts de production soit un animal imaginaire dont tout le monde parle mais que personne n’a rencontré ? Qu’est devenue la belle intelligence de nos collaborations mutuelles ?

Faut-il qu’un cinéaste redevienne un paria ? Ou un tyran, fragile, suspendu à un numerus clausus, ou coincé par un plafond budgétaire ? C’est cela l’alternative ?
Je m’y refuse. Et j’en parle avec Denis, et j’en parle avec Laurence, avec Julien, avec Aurélie (qui n’est pas ministre), avec Jean-Pierre, avec Bénédicte, avec Jacques, avec Pascale, avec Alain, avec Caroline, j’en parle, et si on inventait un outil, un rapport de force pour limiter les hauts salaires des comédiens, et réinjecter le différentiel là où ça manque, là où ça souffre. Une idée parmi d’autres.