Etats généraux du cinéma, organisés par la Ficam

Synthèse rédigée par Nathalie Durand, AFC
La bascule numérique :
De 2010 à 2012, les tournages sont passés de 80 % pellicule / 20 % numérique à 20 % pellicule / 80 % numérique.}}
Vincent Jeannot a bien précisé que les films pouvaient encore se tourner en pellicule ! Merci à lui.
Thierry de Segonzac et les intervenants aux états généraux du cinéma, organisée par la Ficam
Thierry de Segonzac et les intervenants aux états généraux du cinéma, organisée par la Ficam


Quand on tournait en pellicule, le labo était le " gardien " du film, il gardait les éléments, inter, nég... tout ça non facturé. Stockage sur LTO (Linear tape open). Maintenant, avec les tournages en numérique et d’autant plus avec les grands capteurs, lourdeurs des fichiers... les labos se retrouvent à gérer des Tera de données qui, en plus, ne sont pas pérennisés. Se pose le problème du stockage, de la sécurité de ce stockage, de la pérennité de ce stockage. Paradoxalement, pour plus de sécurité, il faut inciter les productions à multiplier les copies des fichiers sur plusieurs supports, ce qui augmente aussi les possibilités de piratage.
Il est nécessaire pour chaque production d’aborder très en amont le choix du " workflow ", de fixer toute la chaîne de l’image dès le début de la préparation. Il paraît essentiel de faire entrer un(e) directeur(rice) de postproduction dès la préparation du film.
Le labo a un système de sauvegarde qui est propriétaire.
La production doit faire des choix de savoir ce qu’elle veut garder in fine. Car ce stockage a un coût.

_ En moyenne :
La totalité des rushes d’un film, c’est 40 To ;
Le bout à bout des prises cerclées, un " ours ", c’est 5 To ;
Le film monté, c’est 1,5 To.

Vincent Jeannot, AFC et Antoine Simkine aux états généraux organisés par la Ficam
Vincent Jeannot, AFC et Antoine Simkine aux états généraux organisés par la Ficam

4 acronymes à faire entrer dans notre vocabulaire :

1. DSM (Digital Source Master) : tous les éléments finalisés qui font le film (numérisé en 2k : 2 To environ, 8 à 10 To si numérisé en 4k). L’espace couleurs n’est pas normalisé, le DSM n’est pas interopérable (format propriétaire du labo).

2. DCDM (Digital Content Distribution Master) : norme mondiale, cet élément est interopérable, il permet de fabriquer les DCP (pèse plus lourd que le DSM : 2 à 16 To).

3. DCP (Digital Cinema Package) : c’est un élément compressé (200Go), interopérable.

4. IMF (Interoperable Master Format) : pourrait devenir la norme en matière de conservation des films. Il est fabriqué à partir du DSM mais est interopérable et contient tous les éléments permettant les multiples exploitations du film.

En résumé :
Au tournage et en cours de fabrication, en plus de la copie labo, la production se doit de faire deux copies par ses soins (LTO, disques durs).
A la fin de la postproduction, la production doit choisir sous quelle forme elle garde le film (DSM, DCDM, DCP ou IMF). Nécessité d’un abonnement pour assurer la pérennité de cet élément.
Pour la conservation à long terme, la seule solution c’est le 35 mm. Il y a obligation pour le Dépôt légal. Envisager que le CNC aide les petits films pour le coût de cette copie.

Délocalisation et sous financement

En 2011  :
272 films produits en France ;
215 millions d’entrée ;
1,2 milliard d’investissement en euros dans les films ;
-16 % pour les industries techniques.

Les exploitants ont bénéficié d’un plan d’aide pour le passage au numérique de 100 millions d’euros, ce n’est pas le cas des industries techniques (CF mort de Quinta, difficulté des loueurs).

Il y a une concurrence européenne avec les bas coûts salariaux, le dumping fiscal.

En 2005, pour garder son " exception culturelle ", la France a dû sortir les industries techniques de cette exception, les entreprises sont entrées dans la législation générale et ne peuvent bénéficier d’aide du CNC. Il y a une nouvelle " attaque " de la commission européenne en ce moment.

Le système de " Tax shelter ", et de crédit d’impôts dans les pays comme la Belgique et le Luxembourg, favorisent la délocalisation. Il faut œuvrer pour harmoniser les crédits d’impôt.
En moyenne, les films français sont délocalisés à 25 %, ce taux monte à 60 % pour les 1er et 2e films.
En délocalisant, nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis mais avons-nous le choix ?

Le réalisateur est-il prêt à adapter ses ambitions artistiques aux contraintes budgétaires ?

Les réponses : le couple réalisateur-producteur travaille depuis longtemps ensemble et chacun dans la fabrication du film s’est toujours efforcé de travailler au plus juste coût. C’est pareil pour les techniciens. Ce n’est pas là que l’on peut gagner de la marge de manœuvre.
Cette somme d’investissements de 1,2 milliard d’euros semble suffisante mais il est sans doute nécessaire de mieux la répartir. Comment ?
Il faut aussi trouver de nouveaux financements pour les " petits " et " moyens " films. Les chaînes de TV hertzienne ayant réduit leur financement, les chaînes de la TNT n’ayant plus d’obligations en ce sens, il faut aller chercher les financements ailleurs.

Pas de solution concrète apportée à toutes ces questions.