"Faire l’expérience d’un film"

Lu dans la presse

Le quotidien Le Monde s’est entretenu, dans son édition datée du mercredi 15 mai 2019, avec Alejandro González Iñárritu, président du Jury du 72e Festival de Cannes. Entre autres questions, il lui en a posé une concernant la situation du cinéma mondial. Extrait...

« On dirait que les pays du cinéma, si riches, si divers, sont passés, ces dernières années, sous l’hégémonie d’une forme de production et d’exploitation. Je parle du cinéma de masse. Les festivals comme celui-là et une poignée d’exploitants héroïques qui défendent le cinéma d’auteur dans le monde sont les derniers endroits où les gens peuvent faire l’expérience commune de chefs-d’œuvre, sur le support qu’ils méritent.
Mais combien, parmi ces films, seront exploités massivement en salle, aux Etats-Unis, en France, au Mexique ? Dix pour cent, avec un peu de chance. Les autres seront relégués sur des plateformes, dans une salle d’une ville universitaire. Cela me rend triste.
Le diversité qu’on voit dans les festivals, on ne la retrouve jamais dans les multiplexes. Netflix a capitalisé sur ce manque. Ils ont fait un boulot fantastique. Sans eux, beaucoup de films seraient perdus. Au moins, ils sont vus dans le monde entier. Je n’ai rien contre le fait de montrer les films à la télévision. Mais regarder, ce n’est pas voir, et encore moins faire l’expérience d’un film. »

Alejandro González Iñárritu, Le Monde du 15 mai 2019, propos recueillis par Thomas Sotinel.

En vignette de cet article, Alejandro G. Iñárritu - Photo Brigitte Lacombe / FdC