Festival International del Cine Pobre

par Jacques Loiseleux

La 3e édition du Festival International del Cine Pobre de Gibara à Cuba s’est déroulée du 16 au 26 avril.
Inventé par le réalisateur cubain Humberto Solas (Un hombre de exito, Lucia, Gente de pueblo), ce festival est une vraie fête cubaine du cinématographe, plus proche de Lussas que de Cannes. Pour la sélection, il n’a que l’embarras du choix parmi les films à " faible budget ", surtout en Amérique latine, mais aussi en Europe. Plus de la moitié des films produits dans le monde est " Cine Pobre ", sans plus de budget de publicité. Ils sont donc promis à une distribution aléatoire qui leur laisse peu de chances d’être vus. Ce Festival sélectionne des films dont le budget est plafonné par pays. Il montre 21 films de long métrage de fiction, 28 films de court métrage de fiction, plus des films d’écoles de cinéma. Sont primés également des scénarii ayant déjà une production et qui reçoivent en prix une aide technique (laboratoire, pellicule, copie standard).

Mêlés au public passionné de la région, des invités de tous les horizons : réalisateurs, producteurs, distributeurs... et quelques rares journalistes (il y a bien quelques acteurs, mais pas de stars à traquer) se pressent aux projections qu’il faut parfois bisser après minuit pour satisfaire un public trop nombreux et passionné. En 2003, Les Baigneuses de Viviane Candas, à budget plus que " pobre " et dont j’avais signé l’image, avait été sélectionné et primé lors de la première édition de ce Festival que je découvrais avec bonheur.
Cette année, j’étais invité, avec Jacqueline Meppiel, à donner une conférence avec projection de films, sur les activités de l’association française SLON dont nous sommes tous les deux membres fondateurs en 1967 avec Chris Marker, Alain Resnais, Antoine Bonfanti, Jean-Michel Folon, Inger Servolin, René Vautier et quelques autres. Cette association est un exemple de " Cine Pobre " d’une rare efficacité, qui a produit des films comme Loin du Viet-Nam, A bientôt j’espère, Lettre à Pol Cèbe, La Parcelle... ainsi que les films des groupes Medvedkine de Besançon. Elle continue aujourd’hui sous le nom de ISKRA. Tout cela pour montrer qu’il y a toujours eu un cinéma hors circuits traditionnels, " pobre " de moyens mais riche d’expression, et qu’il est nécessaire à la création. J’étais aussi invité à présenter mon travail avec l’Ecole Internationale de Cinéma et de Télévision de San-Antonio de Los Banos à Cuba. J’y anime tous les ans un " atelier lumière " suivit par dix étudiants (de 7 nationalités différentes, en majorité Ibéro Américains). Il s’agit du tournage d’un film 35 mm de dix minutes que nous menons jusqu’à la copie 0 étalonnée et une standard muette. Le tout se termine par une projection devant tous les élèves de l’école.

Il y avait dans la sélection officielle un film portugais, Mulher policia de Joaquim Sapinhio, dont j’ai eu le plaisir de faire l’image. Une superbe copie, tirée par Tobis à Lisbonne, a permis à ce film de remporter le prix de la Meilleure Photographie. J’en suis très fier pour ce film difficile que j’espère pouvoir vous présenter à Paris, au cinéma L’Entrepôt, à la fin de l’année. Nous sommes quelques fans du festival de Gibara, avec Pierre-Nicolas Combe, le directeur de la programmation de L’Entrepôt, occupés à organiser la présentation lors de soirées festives, des films primés à Gibara. L’Entrepôt nous offre l’asile pour faire " écho " à ce festival nécessaire.

NDLR : A noter que notre associé AFC, SwissEffects, est partenaire de ce festival.

site internet :

[http://www.cubacine.cu/cinepobre/hpfra.html]