Festival de Cannes

L’AFC a été présente à Cannes pendant toute la durée du Festival

La Lettre AFC n°143

Laurent Dailland, Pierre-William Glenn, Yorgos Arvanitis, Jean-Noël Ferragut, Jean-Michel Humeau et Eric Guichard posent devant la structure gonflable aux armes de l'AFC, aimablement fournie par notre associé Airstar
Laurent Dailland, Pierre-William Glenn, Yorgos Arvanitis, Jean-Noël Ferragut, Jean-Michel Humeau et Eric Guichard posent devant la structure gonflable aux armes de l’AFC, aimablement fournie par notre associé Airstar

En Sélection officielle

  • Kilomètre zéro de Hiner Saleem, photographié par Robert Alazraki

« Un parasol pour l’image (Robert Alazraki,

Matthieu Petit, Pierre Assenat).

Un parasol pour le son (Fredi Loth, Timothée Alazraki).

Le cercueil d’un soldat kurde dans la chaleur (jusqu’à 54° C).

Une Aaton S16 avec quatre focales larges et fixes Zeiss, pellicules Kodak 12 et 29 développées chez Sinefekt (Istanbul) et gonflées en 35 mm classiquement et joliment par Eclair (Patrick Delamotte).
Un de mes films préférés. »

  • Peindre ou faire l’amour d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, photographié par Christophe Beaucarne

« Cette sélection à Cannes me fait énormément plaisir. J’aime beaucoup ce film.
Comme j’ai beaucoup aimé le précédent film que j’ai fait avec eux, Un
homme un vrai
.
La fabrication de ces films est une alchimie étrange entre les acteurs, bien sûr, et le milieu environnant, c’est-à-dire faune, flore, climat, biotope...
Arnaud Larrieu cadre le film et, par exemple, si, lors d’une scène construite, un arc en ciel sort, il peut panoter des acteurs à l’arc en ciel sans prévenir. Tous ces petits moments contribuent à apporter à l’aventure une poésie délicieuse.
Pour ce film, nous avions plus de projecteurs que sur le précédent, mais moins de temps de tournage (6 semaines). Ils ont eu un peu de mal au début avec le soleil artificiel (18 kW), mais finalement, après pas mal de discussions ensemble, ils ont admis que cela ne se sentait pas et qu’avec 6 semaines de tournage on devait allonger le temps d’exposition du soleil.
J’ai choisi une série d’objectifs Cooke S4, après les avoir testés avec eux sur place, tout est filmé finalement au 40 mm et au 50 mm, et un 50 mm GO Zeiss pour les moments extrêmes.
Pellicules Kodak 5217 et 5218. »

  • Free Zone d’Amos Gitaï, photographié par Renato Berta et Laurent Brunet
  • Lemming de Dominik Moll, photographié par Jean-Marc Fabre

« Le tournage de ce film a été pour moi une expérience variée et complète.
Quelques semaines en studio, quelques effets spéciaux et surtout une collaboration poussée avec toute l’équipe artistique du film autour d’un réalisateur talentueux aussi exigeant que respectueux du travail des autres.
Pour le studio, mon souci était de réussir à bien raccorder l’intérieur de la villa du jeune couple (Laurent Lucas, Charlotte Gainsbourg), reconstitué sur un plateau de Bry-sur-Marne, et les extérieurs, la façade et la rue, tournés bien plus tard à Toulouse.
Pour cela j’ai passé beaucoup de temps à suivre l’élaboration et la construction du décor.
J’ai cherché, aux côtés du chef déco, Michel Barthélémy, à débusquer tous les pièges que pose ce genre de configuration, notamment sur les découvertes et les plafonds...
Dans l’univers de Dominik, le fantastique ne peut se mettre en place que sur un quotidien très réaliste où chaque détail est juste. Il ne fallait donc pas que l’on sente du tout le studio.
C’est pourquoi j’ai pensé que ce décor devait être éclairé comme un décor naturel, avec des sources de lumière à l’intérieur des pièces, pour ne pas trahir l’illusion.
J’ai choisi la pellicule Kodak 5217 (200 artif) comme base, c’était un bon compromis, car Dominik tenait à la fois à avoir une bonne définition et suffisamment de profondeur de champ pour les plans moyens à plusieurs personnages. De plus, je trouve que cette émulsion se mélange parfaitement à la 5218 (500 artif) que je voulais utiliser pour les extérieurs nuit de la villa, en décor naturel, à Toulouse. Je savais que j’allais devoir passer de l’intérieur à l’extérieur dans une même séquence et donc d’une pellicule à l’autre.
Pour les effets spéciaux, nous avons travaillé avec Mikros qui nous a assuré un suivi précis et de qualité autant dans le dialogue que dans le professionnalisme.
Il y avait d’une part, une petite caméra volante qui joue un rôle dans l’histoire même du film, et d’autre part les petits rongeurs scandinaves, les lemmings.
Pour la caméra volante, nous avons mélangé une maquette qui ne volait pas et de la 3D. Les images subjectives ont été faites avec une longue perche au bout de laquelle pend une petite tête commandée à distance, qui fonctionne comme une sorte de petite grue.
Pour les lemmings, nous avons utilisé alternativement des vrais animaux, des marionnettes et des lemmings refaits en 3D (principalement quand ils sont très nombreux car nous n’avions que quelques dizaines de cet animal sauvage qui vit uniquement en Scandinavie et supporte mal la captivité).
Sinon, le film a été tourné en Panavision avec une série Primo en 1:1,85.
Développé chez Eclair, étalonnage traditionnel, sauf plans truqués, avec Isabelle Julien.
Voilà, j’aurais beaucoup à dire sur ce film, mais étant en tournage en ce moment, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour écrire ces quelques lignes.
En tout cas j’ai été très touché que Dominik Moll me fasse confiance et me propose de collaborer à son film. Nous nous étions croisés plusieurs fois depuis ses débuts à l’IDHEC sans jamais travailler ensemble... J’ai été content de voir qu’il avait su garder le même bon esprit, aussi rigoureux et travailleur que sympathique et spirituel. »

Sélection Un certain regard

  • Le Temps qui passe de François Ozon, photographié par Jeanne Lapoirie
  • Habana Blues de Benito Zambrano, photographié par Jean-Claude Larrieu

« Benito Zambrano est le metteur en scène du film Solas, son premier long métrage, qui eut, à sa sortie en Espagne, les faveurs du public et de la presse.
Il m’a proposé de collaborer avec lui sur son projet naissant, Habana Blues. Il avait été sensible au film d’Isabel Coixet tourné à Vancouver, Ma vie sans moi, et à l’approche technique que nous y avions menée.
Ce film avait été tourné en Super 16 mm et gonflé en 35 mm, sous l’égide de Pepe Cruz du laboratoire Madrid films pour lequel nous avions utilisé, au mieux de son rendu à mon avis, le traitement en 2K.
Benito Zambrano souhaitait mettre en scène, avec une grande liberté d’action un univers excentrique et débordant de vitalité ; un monde de musiciens qui inventent chaque jour leur existence, interprétés par des acteurs cubains inconnus, mélangés à d’autres, espagnols.
La reconstruction de ce monde nous a plongés au cœur de la ville de La Havane, à partir d’un scénario écrit par Benito avec son ancien condisciple à l’école de cinéma de San Antonio de Los Baños à Cuba.
La production Maestranza films, dirigée par Antonio Pérez, est installée à Séville et c’est à partir de là que commencèrent nos échanges. Nous ne nous rencontrâmes qu’un peu plus tard, lors d’un premier voyage d’investigation technique à La Havane.
Benito Zambrano souhaitait tourner en permanence avec deux caméras et c’est à nouveau le format Super 16 mm - 1,85 que nous avons choisi, avec les pellicules Kodak 7205 et 7218.
Les caméras, entièrement équipées de leurs accessoires et de deux séries Zeiss Ultra Prime provenant de Madrid ont été testées à leur arrivée par des assistants cubains, sous la houlette d’un technicien madrilène, venu vérifier cotes et réglages.
Je dois dire que les techniciens que j’ai été amené à choisir, tous Cubains, se sont révélés de remarquables éléments : compétents, attentifs, rapides dans les échanges, très consciencieux.
Au milieu de beaucoup de matériel écroulé dans la poussière, de camions épouvantables mais qui fonctionnent toujours, cette équipe technique cubaine (caméra et lumière) a travaillé avec allégresse et don de soi.
Constituer une liste de matériel électrique a demandé beaucoup d’attention.
Une société allemande et une autre canadienne sont capables de fournir des équipements, à condition de le prévoir et de les vérifier.
En revanche, il nous a fallu apporter d’Europe les gélatines et tout le matériel consommable.
Le développement du négatif a été assuré par Madrid films.
C’est le laboratoire Telson qui a effectué le processus numérique en HD jusqu’à la restitution sur film. »

Sélection de la Semaine Internationale de la Critique

  • The Great Ecstasy of Robert Carmichael de Thomas Clay, photographié par Yorgos Arvanitis
    Ce film concourt pour la Caméra d’Or.

Synopsis
Dans une petite ville côtière anglaise, trois jeunes sont entraînés dans un monde de violence et de tentation. Incapables de reconnaître la différence entre le bien et le mal, ils finiront par scandaliser la communauté somnolente et révéler les jalousies les plus profondes.
Brutal et explosif, The Great Ecstasy of Robert Carmichael est un violent défi à la suffisance morale et politique de nos jours. Elliptique, poétique et en même temps imprégné d’un esprit sinistre et ironique, le film avance inexorablement vers une fin crue et choquante.
The Great Ecstasy of Robert Carmichael est le premier film de Thomas Clay, jeune auteur-réalisateur de 24 ans.
Aux côtés des jeunes acteurs Dan Spencer, Ryan Winsley et Charles Mnene jouent deux comédiens britanniques connus : Danny Dyer (Human Traffic, The Football Factory) et Lesley Manville (Vera Drake, All or Nothing).

Le tournage par Yorgos Arvanitis
« C’était une équipe de jeunes qui tenaient absolument à ma participation à ce projet.
C’est un film avec un budget très serré et une durée de tournage de 5 semaines, sur la côte sud de l’Angleterre, à Newhaven.
Malgré la pauvreté des moyens techniques, je pourrais dire que le résultat, de tout point de vue, est satisfaisant.
J’ai utilisé la pellicule Fuji Reala 500D 8592, afin de profiter au maximum de la lumière naturelle pour les intérieurs, et pour certaines scènes de nuit la Fuji 500 ISO 8572, (lumière artificielle).
Les scènes d’extérieur jour ne sont pas éclairées.
C’est une image sans aucun effet et j’ai essayé d’avoir une approche très naturelle et réaliste comme le réalisateur le souhaitait.
Le réalisateur mettait en scène plutôt des plans-séquences d’une durée de 4 à 9 minutes.
J’ai utilisé une série d’objectifs japonais (Cineovision) dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Et la caméra était une Moviecam, le laboratoire Soho Image.
Les raisons pour lesquelles j’étais attiré par ce projet étaient la passion de ces jeunes Anglais, la force et les positions politiques du scénario et par conséquent du réalisateur, qui correspondent à mes convictions. C’est un film très dur et réussi. »

35 mm, anamorphique , 96 minutes, UK
Réalisateur : Thomas Clay
Directeur de la photographie : Yorgos Arvanitis
Producteur : Joseph Lang
Assistant réalisateur : Simon Rooke
Directeur de production : Nicky Moss

  • Imposture de Patrick Bouchitey, photographié par Antoine Roch

« Imposture est un film qui avant même de sortir sur les écrans a eu un parcours singulier. En effet, le film était presque terminé à l’époque des sélections de Cannes de l’an dernier et s’est retrouvé bloqué pendant huit mois dans ses finitions pour des problèmes juridiques entre le producteur exécutif, instigateur du film et le producteur délégué.
Le tournage du film a duré presque 15 semaines et s’est étalé sur 7 mois car nous avions besoin de trois saisons clairement identifiées à l’image (printemps, automne et hiver) pour marquer l’écoulement du temps dans la narration.
Travailler avec Patrick, s’est révélé passionnant tant il est habité par le projet qu’il porte. La charge était très lourde pour lui, vu qu’il joue aussi un des deux rôles principaux de l’histoire. Le film oscille entre le film noir, le thriller et le drame intimiste avec en trame de fond de l’histoire, un huis clos entre les deux personnages principaux qui se déroule essentiellement dans la cave d’une grande maison isolée à la campagne.
Le challenge esthétique était de mélanger les images d’un monde que l’on pourrait appeler le monde de la surface et de la réalité, à savoir l’université où le personnage de Patrick travaille en tant que professeur, son appartement, les cafés, les restaurants où il a ses rendez-vous, tournés en décor naturel (un monde qui ,progressivement, s’estompe dans le film) et le monde souterrain et plus mystérieux où le temps était comme suspendu, à savoir la cave tournée en studio et les scènes dans une maison isolée. La cave a été tournée à Arpajon et les décors ont été réalisés par François Emmanuelli avec lequel j’ai eu une grande complicité dans le travail. Toutes les images sur la nature devaient aussi donner la notion de l’écoulement des saisons qui ont leur importance dans l’histoire.
Maîtriser la lumière en studio fait partie des grands plaisirs de notre métier et je dois dire que le plaisir peut s’avérer plus délicat quand il s’agit d’éclairer en décor naturel un amphi, un hall,ou une cafétéria d’université en fonctionnement où l’on n’a a pas la même main mise sur la décoration des lieux, et où l’on se doit de travailler ou d’interpréter des ambiances déjà existantes. Nous avons tourné une partie des scènes du film à Angers, puis nombre des extérieurs dans le Vercors et au Mont-Saint-Michel. La météo se devait d’être clémente et nous avons un peu de fil à retordre avec celle-ci.
J’ai tourné en Kodak avec une Arriflex 535 et une Aaton 35 louées chez Panavision équipées de Cooke S4.
Le film a été cadré par Chris Renson.
Il a été étalonné par Marjolaine des laboratoires Eclair avec laquelle j’ai toujours plaisir à travailler. Je n’ai fait (pour une fois) aucun traitement chimique particulier, et la photo est à l’écran sans artifice de patine ou de filtre quelconque, j’ai recherché un certain naturalisme chargé en contraste que j’avais beaucoup délaissé lors de mes derniers films. J’espère que j’y suis arrivé de façon suffisamment convaincante pour ce film que j’affectionne particulièrement et auquel je suis heureux d’avoir pu collaborer. »

Quinzaine des réalisateurs

  • La Moustache d’Emmanuel Carrère, photographié par Patrick Blossier