Francfort "eDIT Fimmaker’s Festival" 2009

par Robert Alazraki, AFC et Richard Andry, AFC

La Lettre AFC n°192

L’AFC était, cette année, par l’intermédiaire d’Imago, l’invitée d’honneur du 12e " eDIT Filmmaker’s Festival " qui s’est déroulé du 4 au 6 octobre à Francfort-sur-le-Main, région de Hessen, en Allemagne.
1re partie : " Le Festival "
A la soirée d’ouverture, après la projection d’une bande montée de nombreux extraits de films sur lesquels il avait opéré, le trophée Imago fut remis à notre confrère Ricardo Aronovich, AFC, ADB, ABC visiblement ému, par Nigel Walters, BSC, président en exercice d’Imago, le tout dans une joyeuse ambiance provinciale, populaire et bon enfant.
Richard Andry, Robert Alazraki et Ricardo Aronovich - Lors de la remise à Ricardo Aronovich du trophée Imago
Richard Andry, Robert Alazraki et Ricardo Aronovich
Lors de la remise à Ricardo Aronovich du trophée Imago
Ricardo Aronovich et sa "Spectra à 5,6"
Ricardo Aronovich et sa "Spectra à 5,6"
Spectra de Ricardo Aronovich "bloquée" sur 5,6
Spectra de Ricardo Aronovich "bloquée" sur 5,6

Ce trophée représente une réplique de Spectra Combi 500 avec aiguille bloquée à 5,6, et semblait très apprécié de son récipiendaire !
Le lendemain, lundi 5 octobre, place aux conférences et aux divers ateliers, et dans ce cadre, l’AFC avait choisi de développer le thème de " la nuit américaine ", et ce en anglais (" day for night "). Robert Alazraki et Richard Andry avaient planché depuis quelques semaines sur le sujet et préparé des extraits de films avec l’aide logistique et technique des laboratoires Éclair (un grand merci à Didier, Raphaëlle, Amandine, Eddy, Thierry et tous les autres).
Pierre Lhomme était virtuellement présent par l’intermédiaire d’un entretien filmé trois semaines avant, dans lequel il commentait " ses " nuits américaines sur L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville et Cyrano de Jean-Paul Rappeneau (un autre grand merci à Brigitte et Thimotée).
Ricardo Aronovich est naturellement venu rejoindre le débat, qui devint en conséquence contradictoire (Ricardo n’aimant pas le principe de la nuit américaine), et ce pour le plus grand intérêt du public.
(A noter, au passage, un détail sans importance mais plutôt marrant, nos trois représentants présents ont les mêmes initiales : R et A… !)

Malgré quelques bogues dus à la technique (régie un peu défaillante) qui obligèrent nos héros à improviser (en anglais !), la prestation, qualifiée d’originale et vivante par de nombreux auditeurs, fut très appréciée. Il faut remercier au passage le petit coup de main à titre gracieux de Thomas Harbers, coloriste et truquiste (Greenpost Munich), pour son aide dans l’explication des étapes techniques de " compositing " nécessaires à la " fabrication " numérique des nuits américaines de Michou d’Auber de Thomas Gilou (image : Robert Alazraki)
Le soir, avant la projection de Klimt de Raoul Ruiz, qu’il avait choisi de montrer au public, et interviewé par un jeune journaliste allemand, Ricardo gratifia l’audience d’une véritable leçon de cinéma.

Saluons au passage la prestation de nos collègues Philippe Ros, membre consultant de l’AFC, et Luc Drion, SBC, venus exposer et commenter brillamment les techniques de tournage, d’Océans, le film de Jacques Perrin produit par Galatée ; et celle de Kommer Kleijn, SBC sur la très importante question des formats numériques ; et enfin, l’" évaluation " (comparative) entre les différents supports de prise de vues : pellicules film et formats numériques disponibles sur le marché (2009) réalisée et produite par nos amis de la BSC et commentée par Sue Gibson, présidente de la BSC, Gavin Finney, BSC et Gwyn Evans, coloriste. Entreprise très intéressante, limitée ce jour-là par la qualité moyenne de la projection, mais, considérant l’obsolescence rapide des équipements numériques, à voir en France le plus rapidement possible. (Très certainement à l’occasion du prochain Micro Salon, NDLR)

Voici résumé brièvement mais fidèlement le festival proprement dit, vu d’un regard AFC (forcément subjectif), sans oublier de remercier nos hôtes Sebastian Popp, le président d’eDIT Filmmaker’s Festival, Rolf Krämer son programmateur et toutes leurs (jolies) collaboratrices.

2e partie : La réunion du " board " d’Imago
La deuxième partie de ce " voyage allemand ", elle-même divisible en deux parties, s’est déroulée à huis clos dans une petite salle de réunion.

A – Mardi 6 octobre
Le conseil d’administration d’IMAGO composé de Nigel Walters, BSC, président, Ivan Tonev, BAC (Bulgarie), vice-président, Louis-Philippe Capelle, SBF (Belgique), secrétaire général, Paul-René Roestad, FNF (Norvège), Robert Alazraki, AFC, membres du bureau et Richard Andry, AFC (invité en tant qu’observateur), ont débattu de nombreuses questions concernant l’agenda, l’organisation, le fonctionnement et les finances d’Imago.
Le point d’abord sur les " master class ", et le rappel de la master class " féminine " qui se déroulera à Oslo du 12 au 14 novembre 2009, en souhaitant la multiplication de ces opérations qui recueillent toujours un franc succès auprès du public et renforcent l’image d’Imago.

Le développement d’Imago apportant un surplus de travail administratif et de coordination inter-associations, il est décidé de rémunérer Frances, secrétaire de la BSC, pour qu’elle assure un quota hebdomadaire d’heures de bureau au service d’Imago.
Les finances sont saines et autorisent le paiement de ce salaire.
Le plan de remboursement des dettes consécutives à l’édition du livre et le principe de la constitution d’une réserve sont acceptés.
Au passage, il est souhaité que les associations qui ne sont pas représentées au bureau s’engagent plus dans les actions d’Imago et participent à la recherche de sponsors.
D’une manière pratique, la solution au problème posé par le transfert du siège social de France vers la Belgique passe d’abord par la création d’une antenne Imago à Bruxelles.
Mise au point du de la prochaine assemblée générale d’Imago qui aura lieue à Rome en février 2010.
Et enfin, devant la tendance répétée de certains à vouloir élargir Imago à toute la planète (Corée, Japon, USA, etc.), la délégation française a tenu à répéter que la fédération Imago était avant tout européenne et que l’Europe était sa priorité.

B - Mercredi 7 octobre
Réunion préparatoire à la conférence de Séville sur les droits d’auteurs
Même salle de réunion, Paul-René est rentré à Oslo. Cristina Busch et Michael Neubauer ont rejoint le bureau.
Nos collègues espagnols, qui ont obtenu le statut de co-auteurs, ont, pour faire pression sur leurs sociétés de répartition des droits d’auteurs, organisé une conférence européenne sur les droits d’auteurs qui se tiendra le 6 novembre, pendant le festival de Séville, chaque association européenne devant amener sa contribution sur le problème des droits d’auteur. C’est pourquoi Cristina Busch, avocate installée en Espagne et qui consacre gracieusement beaucoup de son temps à Imago sur cette question, a rejoint le bureau d’Imago ainsi que Michael Neubauer, représentant l’association allemande BVK.
Cristina a concocté un questionnaire juridique pour aider à définir l’état des droits d’auteur dans chaque pays européen, questionnaire sur lequel tous les participants sont d’accord pour dire qu’il est trop ardu et pas très clair. Elle promet d’en faire un plus simple mais à faire remplir, tout de même par un juriste.

Il est intéressant de considérer au passage les positions de deux pays, la Bulgarie et l’Allemagne dont les représentants étaient présents à cette réunion.
En premier la Bulgarie, où, curieusement, c’est l’héritage communiste qui a permis de définir un droit d’auteur. En effet, auparavant, l’Etat était l’unique propriétaire de tous les moyens de production mais il existait la notion de créateur. Aujourd’hui, pour être auteur de l’image, il faut qu’il y ait création sur un support matériel (négatif, master numérique) et qu’elle soit unique (originale), le directeur de la photographie a alors le droit moral d’auteur de l’image d’un film et touche en tant que co-auteur une part des revenus générés par l’exploitation commerciale de l’œuvre.
En Allemagne, le directeur de la photographie est considéré comme co-auteur du film.
Les Allemands distinguent trois niveaux quant à leur rémunération :
- a) pendant la fabrication du film, paiement du travail intellectuel, artistique et technique (talent) mis à la disposition de sa fabrication et rémunéré d’après une convention collective.
- b) participation en qualité de co-auteur, et, selon un pourcentage défini préalablement, aux profits générés par l’exploitation commerciale de l’œuvre sur tous les supports de diffusion.
- c) droit à un pourcentage sur la " copie privée ".
Pour le moment, ne sont reconnus que le a) et le c), mais nos collègues d’outre-Rhin continuent à se battre avec pour figure de proue l’action de Jost Vacano, directeur photo de Das Boot, action au plan juridique qui dure depuis plus de 20 ans et qui a permis de notables avancées.

Il a été suggéré à Cristina que, plutôt que de se perdre dans les détails, spécificités et labyrinthes des législations de chaque pays, il serait plus efficace de faire d’abord un projet " idéal " européen fédérant toutes les associations de directeurs de la photo sur une plateforme commune. Ce qui permettrait à l’AFC de se libérer un tant soit peu des considérations spécifiques nationales qui plombent son action dans ce domaine.
Rendez-vous à Séville. Olé !

(Robert Alazraki et Richard Andry)