Imago à Huelva

La Lettre AFC n°138

Assemblée Générale Imago par Armand Marco
Cette assemblée générale clôturait le premier exercice d’Andréas Fisher Hansen (Danemark), élu en Décembre 2003, président d’Imago. 1 _Il avait pour tâche essentielle d’assainir les comptes d’Imago et de mettre en œuvre les moyens de réduire l’importante dette découverte à la parution du livre Making Pictures.
Dix-huit associations de pays européens étaient représentées ainsi que deux membres associés : l’Inde et l’Argentine.

Andreas remercie chaleureusement les membres du bureau, Tony Costa (vice-président), Paul René Roestad (secrétaire général) et Line Søelyst (Trésorière) pour leur collaboration dévouée.
Deux réunions du bureau, particulièrement constructives, ont eu lieu cette année.
L’une à Londres en présence d’Harvey Harrison et d’un représentant de l’AIC afin de renouer le contact avec Roger Sears et envisager un règlement de la dette UK. L’autre à Paris pour présenter la balance des comptes Imago à M. Poisson (Expert comptable de l’AFC) et lui exposer la stratégie envisagée par Line Søelist afin de clarifier les comptes et repartir sur des bases saines.
A Huelva, Line Søelyst nous présente un bilan comptable clair et un budget prévisionnel pour 2005, modeste mais totalement axé vers un retour à l’équilibre.
Les dettes sont encore conséquentes, mais la situation, bien que critique, est moins catastrophique que l’an dernier.

Propositions pour financer la dette Imago
Dans le cadre du budget prévisionnel 2005, Andréas propose qu’une modeste compensation financière soit accordée à chacun des membres du bureau, afin d’être plus efficace dans leur action (recherche de nouveaux sponsors ou réinjection dans le fonctionnement d’Imago).
Cette proposition est refusée par l’AFC car elle est contraire aux statuts. Refus également d’accepter la transformation du prêt 2002 en don.
La NSC propose alors d’augmenter les cotisations de 10 euros par membre à 25 euros en trois ans. L’AFC. refuse cette augmentation, mais accepterait que les cotisations soient portées à 15 euros par membre (environ 1 200 euros).
Devant l’hésitation des présents à se prononcer sur cette augmentation, celle-ci est abandonnée et il est demandé aux représentants de consulter leurs associations nationales pour envisager une augmentation de la cotisation Imago.
La solution la plus évidente pour qu’Imago puisse fonctionner plus aisément et se libère rapidement de ses dettes semble être la recherche de nouveaux sponsors.
La prochaine AG Imago aura lieu en janvier ou février 2006 de façon à ce que les comptes soient arrêtés le 31 décembre 2005.

Activités prioritaires pour 2005

  • Le site Web
    Kommer Kleijn, Roger Bryssinck et Tony Costa nous présentent leur projet pour le développement du site Imago. Les sponsors sont Kodak, Panavision et JDC (Joe Dunton).
    Pour faire vivre le site Imago, chaque association est invitée à faire parvenir, si possible en anglais, des textes et documents sur toute manifestation ou information susceptible d’intéresser les autres associations. Ceci afin de mettre sur pied un magazine européen.
  • Le livre Making Pictures (100 ans de direction de la photographie cinématographique)
    - La première édition du livre (en Anglais) est épuisée en Europe, mais pas aux USA. Il est donc possible d’envisager une nouvelle édition pour l’Europe, en corrigeant les principales erreurs, changer la couverture (Raoul Coutard) et reconsidérer, si possible, le cas de nos associés (Exemple : Eclair).
    - Pour les éditions nationales (française, espagnole, italienne), il serait souhaitable qu’elles soient confiées au même imprimeur, afin de bénéficier d’un tarif plus intéressant.
    Les Espagnols ont une traduction prête et l’accord d’un éditeur (Lumberg). L’Italie a terminé la traduction, mais n’a pas encore d’éditeur, quant à la France elle doit parfaire sa traduction et reprendre contact avec Flammarion.
  • EDCF (European Digital Cinema Forum)
    Dans un avenir peut être proche la copie 35 mm pourrait être remplacée par un nouveau standard.
    L’EDCF, formé par BKSTS et le Film Institute Suédois, étudie les différentes possibilités afin de fixer les normes de ce standard. Les sponsors sont nombreux : Kodak, Fuji, Barco, Dolby, British Film Council...
    Kommer Kleijn, invité à participer à ces réunions, a constaté l’absence de techniciens de l’image et de réalisateurs dans l’assemblée.
    Le CNC, ainsi qu’Imago, depuis cette année, sont membres de l’EDCF.
    L’EDCF travaille en parallèle avec DCI (Hollywood studios et l’ASC).
    - Un Prix Imago ?
    Parce que nous constatons qu’à Camerimage et au Manaki Brothers Festival, le cinéma européen n’est pas très bien défendu ni représenté, la question d’un prix Imago se pose.
    Cependant un Festival est difficile à organiser et coûte cher. Y a-t-il une possibilité de se greffer sur un festival déjà existant ? Andréas va prendre contact avec P.-W. Glenn.
  • FERA (Fédération européenne des réalisateurs audiovisuels)
    La FERA demande le soutien d’Imago lors des discussions qui vont avoir lieu au Parlement européen sur les heures supplémentaires, les conditions et les méthodes de travail dans les métiers de l’audiovisuel.
  • Nouvelle candidature
    La Lettonie (LGC : Latvian guild of cinematographers) nouveau membre d’Imago.
    Fondée en 1993, elle compte 50 membres dont 10 directeurs de la photographie. Bientôt l’Estonie et la Roumanie.

Premier Congrès International sur les droits d’auteur des directeurs de la photographie par Armand Marco
L’A.E.C. (association espagnole des directeurs de la photo) a organisé, en ouverture du Festival du Film IberoAmericano d’Huelva (Espagne), le premier congrès international des directeurs de la photographie sur les droits d’auteur.
Les représentants des différentes associations, ayant participé à la réunion Imago du 12 novembre, étaient invités à cette manifestation ainsi que 3 avocats spécialistes des droits d’auteur, un réalisateur espagnol (membre de la FERA) et un photographe de plateau.
Tomás Pladevall, président de l’AEC, après avoir rappelé la " déclaration de Torun ", invita M. Carlos Rogel, professeur de droit, spécialiste des droits d’auteur, à définir le cadre de la loi, en Espagne et en Europe, dans lequel le droit d’auteur des directeurs de la photographie serait applicable.
Dans un long développement, il démontre que rien ne s’oppose légalement au fait que les directeurs de la photographie revendiquent la reconnaissance de leur statut de co-auteur des œuvres cinématographiques et audiovisuelles auxquelles ils participent.
Maître Cristina Bush, avocate spécialiste des droits d’auteur, et Maître Marta Ga León, avocate, avec des arguments sensiblement différents en arrivent à des conclusions similaires. Rien ne s’oppose légalement au statut de co-auteur revendiqué par les directeurs de la photographie.
La première note discordante vient de Jordi Grau, réalisateur espagnol, membre de la FERA. Il réfute le terme de " co-auteur de l’œuvre " en prenant l’exemple de Luis Buñuel tournant un plan avec Gabriel Figueroa. Qui est l’auteur du plan ? Buñuel bien sûr.
Il met alors l’accent sur la différence qui existe entre le droit moral et le copyright. « En Europe, dit-il, nous avons un cadre de loi qui règle le problème des droits d’auteur, contrairement aux USA qui n’en ont pas. Car aux USA la loi c’est l’argent, et l’argent c’est le producteur. Il nous paye pour notre travail et non pour l’œuvre.
Je partage l’avis qu’à chaque fois que le producteur gagne de l’argent sur le fruit de notre travail nous récupérions une partie, même minime, de cet argent. C’est pourquoi si les directeurs de la photographie, travailleurs du cinéma, défendent leurs droits, je ne peux que les soutenir. Or en revendiquant le statut de co-auteur ils parlent de l’œuvre et là je ne suis plus de leur avis. »

Y a-t-il un consensus au sein d’Imago ?
Il existe un plus petit dénominateur d’accord, mais quels sont les points communs entre différentes associations ?
Le congrès d’Huelva répond en partie à ces questions en établissant un livre blanc en anglais et en espagnol qui sera signé par les différentes associations. Chaque association est invitée à faire le point sur les droits d’auteur. Rares sont les pays qui déclarent bénéficier de droits d’auteur, mais la plupart du temps il s’agit de copyright.
- En Bulgarie : le réalisateur, le scénariste et le directeur de la photo peuvent profiter des droits d’auteur après accord avec la production (copyright).
- En Belgique : une loi dit que les membres de l’équipe peuvent disposer des droits d’auteur. C’est le producteur qui accorde ou pas ce droit. Il est très rare qu’il l’accorde.
- En Autriche : le ministère de la justice s’apprête à voter une loi accordant les droits d’auteur aux écrivains et aux musiciens, mais il ne mentionne pas les œuvres cinématographiques. L’AAC fait circuler une pétition afin que les œuvres cinématographiques figurent sur la nouvelle loi.
- Au Danemark : ce n’est pas très clair.
- En Espagne : Tomás Pladevall inclut une clause dans ses contrats, se déclarant co-auteur du film pour l’image, mais doit accepter de céder les droits de reproduction, quels qu’ils soient au producteur. L’AEC travaille à l’établissement d’un contrat type tenant compte de l’évolution des nouvelles technologies.
- En Norvège : il existe un droit au copyright.
- En Italie : Les directeurs de la photographie désirent le statut d’" auteur de la photographie ". Le représentant de l’AIC déclare que c’est une lutte qu’ils doivent commencer tout de suite, car les réalisateurs, les musiciens et les producteurs sont contre.
- En France : Nous lisons la déclaration de l’AFC qui déclenche une vive réaction de M. Carlos Rogel quand on évoque le fait que l’acquisition de droits d’auteur pourrait entraîner des changements importants dans les acquis sociaux.
Le congrès prend fin après la rédaction de la déclaration d’Huelva.