Imposture

Imposture est un film qui avant même de sortir sur les écrans a eu un parcours singulier. En effet, le film était presque terminé à l’époque des sélections de Cannes de l’an dernier et s’est retrouvé bloqué pendant huit mois dans ses finitions pour des problèmes juridiques entre le producteur exécutif, instigateur du film et le producteur délégué.
Le tournage du film a duré presque 15 semaines et s’est étalé sur 7 mois car nous avions besoin de trois saisons clairement identifiées à l’image (printemps, automne et hiver) pour marquer l’écoulement du temps dans la narration.
Travailler avec Patrick, s’est révélé passionnant tant il est habité par le projet qu’il porte. La charge était très lourde pour lui, vu qu’il joue aussi un des deux rôles principaux de l’histoire. Le film oscille entre le film noir, le thriller et le drame intimiste avec en trame de fond de l’histoire, un huis clos entre les deux personnages principaux qui se déroule essentiellement dans la cave d’une grande maison isolée à la campagne.
Le challenge esthétique était de mélanger les images d’un monde que l’on pourrait appeler le monde de la surface et de la réalité, à savoir l’université où le personnage de Patrick travaille en tant que professeur, son appartement, les cafés, les restaurants où il a ses rendez-vous, tournés en décor naturel (un monde qui ,progressivement, s’estompe dans le film) et le monde souterrain et plus mystérieux où le temps était comme suspendu, à savoir la cave tournée en studio et les scènes dans une maison isolée. La cave a été tournée à Arpajon et les décors ont été réalisés par François Emmanuelli avec lequel j’ai eu une grande complicité dans le travail. Toutes les images sur la nature devaient aussi donner la notion de l’écoulement des saisons qui ont leur importance dans l’histoire.
Maîtriser la lumière en studio fait partie des grands plaisirs de notre métier et je dois dire que le plaisir peut s’avérer plus délicat quand il s’agit d’éclairer en décor naturel un amphi, un hall,ou une cafétéria d’université en fonctionnement où l’on n’a a pas la même main mise sur la décoration des lieux, et où l’on se doit de travailler ou d’interpréter des ambiances déjà existantes. Nous avons tourné une partie des scènes du film à Angers, puis nombre des extérieurs dans le Vercors et au Mont-Saint-Michel. La météo se devait d’être clémente et nous avons un peu de fil à retordre avec celle-ci.
J’ai tourné en Kodak avec une Arriflex 535 et une Aaton 35 louées chez Panavision équipées de Cooke S4.
Le film a été cadré par Chris Renson.
Il a été étalonné par Marjolaine des laboratoires Eclair avec laquelle j’ai toujours plaisir à travailler. Je n’ai fait (pour une fois) aucun traitement chimique particulier, et la photo est à l’écran sans artifice de patine ou de filtre quelconque, j’ai recherché un certain naturalisme chargé en contraste que j’avais beaucoup délaissé lors de mes derniers films. J’espère que j’y suis arrivé de façon suffisamment convaincante pour ce film que j’affectionne particulièrement et auquel je suis heureux d’avoir pu collaborer.