Intermittents : la réforme pourrait être prorogée

par Clarisse Fabre

La Lettre AFC n°150

Après deux ans et demi de contestation, et de réflexion pour un autre système d’assurance-chômage, le protocole de juin 2003 pourrait être prorogé, moyennant quelques aménagements : un nouveau mode de calcul de l’allocation journalière, tel que l’a proposé l’expert Jean-Paul Guillot, auteur d’un rapport sur l’avenir de l’intermittence, à la demande du ministre de la culture et de la communication ; la prise en compte d’heures d’enseignement dans le calcul des 507 heures requises pour bénéficier de l’assurance-chômage, ou encore la possibilité de comptabiliser des heures pendant les périodes de congé-maternité, maladie, etc.

Les partenaires sociaux travaillent, toutefois, sous l’œil du gouvernement : celui-ci leur a fait comprendre que le nouveau dispositif ne sera pas agréé s’il s’avère être moins protecteur qu’il ne l’est en 2005, grâce au fonds transitoire financé par l’Etat : depuis juillet 2004, cet outil permet d’indemniser certains intermittents qui n’ont pas effectué les 507 heures requises en dix mois (pour les techniciens) et dix mois et demi (pour les artistes), mais qui y parviennent sur douze mois.

Au total, plus de 16 000 intermittents y ont été éligibles. La pression sur les « 507 heures en douze mois » est donc forte.

C’est l’une des revendications principales de la CGT-spectacle et de la Coordination des intermittents, mais ils jugent que cette mesure est insuffisante. Ils demandent que la durée d’indemnisation s’étende elle aussi sur douze mois et que la situation des intermittents soit examinée à date fixe, chaque année.

Ce n’est pas le cas aujourd’hui : les intermittents n’ont la certitude d’être indemnisés que sur 243 jours (huit mois) et leur situation est revue à la fin de cette période.

Très en colère, les intermittents de la CGT-Spectacle et de la Coordination ont occupé, mardi 20 décembre au soir, l’Opéra-Comique, à Paris, conduisant à l’annulation de la représentation de La Veuve joyeuse, de Franz Lehar. Le théâtre a été évacué mercredi dans la matinée.

(Clarisse Fabre, Le Monde, 22 décembre 2005)