Vive le cinéma !

Jean-Jacques Bouhon, directeur de la photographie, AFC
J’ai été très touché d’entendre le désarroi de quelques étudiants des départements dits " instrumentaux " de La fémis. Tout à coup, le rêve qu’ils faisaient, pour certains depuis longtemps, de faire partie de la " grande famille du cinéma " se confrontait à la dure réalité des intérêts particuliers et commerciaux et des egos singulièrement surdéveloppés de certains.

La chute est rude quand on s’aperçoit que, pour certains, les techniciens ne sont qu’une pâte malléable au gré des financements trouvés ou non. Dans les propos entendus ou lus ces derniers jours, il n’a jamais été question de l’apport artistique de ces " techniciens ", ni de leur dévouement, mais seulement du fait que les payer correctement, et suivant des règles, mettait en péril la création et en faisait, par conséquent, quasiment des ennemis !
Pas trace, non plus, d’une vraie réflexion politique et économique sur le fait que l’industrie cinématographique n’échappe pas aux conditions politiques et économiques dans lesquelles nous vivons. Par exemple, si nos dirigeants avaient créé une Europe sociale en même temps qu’économique, peut-être n’y aurait-il pas tant de délocalisations… Je sais, je suis un incurable utopiste, le libéralisme ambiant ne supporterait pas une telle réforme qui l’empêcherait de mener les peuples par le bout du nez et du portefeuille.

Pas vraiment, non plus, ou si peu, d’allusion au manque de transparence des budgets des films. Je pense que nous serions très étonnés de voir comment circule réellement l’argent dans notre monde cinématographique.
Pour ma part, je ne pourrai jamais me considérer comme une variable économique dans un budget. Je suis cinéaste et ma passion sera toujours de faire des films au service d’une idée, d’un créateur. Vive le cinéma !