Jean-Louis Ughetto

Par Jean-Michel Humeau, AFC

La Lettre AFC n°211

Nous nous sommes connus et reconnus vers la fin des années 1960 par son ami Bernard Orthion. Lui était monteur d’ascenseurs à Abidjan, Bernard et moi étions sur un tournage en Afrique de l’Ouest pour vanter la décolonisation, Le temps du dialogue – tu parles.
Ensuite Bernard l’a débauché et entraîné vers le cinéma, où comme perchman il fut rapidement apprécié.

Nous nous sommes retrouvés au cours d’une longue marche à l’est d’Aden, pour filmer la guérilla marxiste léniniste du Dhofar, lui le Nagra à l’épaule, moi l’Eclair 16 : 800 km en 45 jours. C’était L’Heure de la libération a sonné – on n’a jamais bien trop su pour qui. Un lit de cailloux pour couche, du riz et des sardines séchées pour nourriture, et du thé noir comme boisson. Cela crée du lien, semble-t-il, puisque cette amitié allait durer bien au-delà des limites imparties du temps et du lieu.

Nous avons fait ensemble le premier long métrage de notre ami François Mijeat Le Sang du flamboyant, dans les années 1980. Puis à la fin des années 1990, avec Florence Pétry, nous avons inventé, portés par son énergie, le schéma d’une maison d’édition qui pourrait reconnaître d’autres critères de sélection littéraire.

Pendant ces dix dernières années, il fut notre lecteur acharné, et l’accompagnement qu’il a offert à nos auteurs les a profondément marqués.
Il nous a aussi donné cinq recueils de nouvelles où se révèle sa sensibilité très spéciale au monde, son humour, sa tendresse cachée, sa générosité.