L’Autre vie de Richard Kemp

L’Autre vie de Richard Kemp est un film particulier. J’étais très attaché à ce projet, j’aimais beaucoup le scénario qui mêlait très judicieusement fantastique, romance et polar. Intrigue policière, douleur du souvenir d’un évènement, possibilité d’une seconde chance, un homme et une femme qui vont se rencontrer pour la première fois à trois reprises et à trois époques différentes, grâce à un retour dans le passé…

Germinal Alvarez, le réalisateur, a finalement orienté le film vers le polar, le thriller.
Le film s’est tourné avec un budget inférieur à 3 millions d’euros.
Nous avons tourné principalement à Bordeaux (Mériadek), au port autonome de La Rochelle et à Rochefort dans un hôpital désaffecté qui nous a servi de studio.
Lorsque nous avons décidé de faire le film avec Film Factory, nous avons fait des essais chez TSF pour choisir la caméra. L’Epic étant inaccessible, nous avons comparé une Red One MX et une Alexa en ProRes.
Avec Elie Akoka aux commandes, nous avons étalonné avec précision des plans rigoureusement identiques. La Red One MX s’est avérée supérieure pour ce projet avec cette chaîne de postproduction, même si la sensibilité supérieure de l’Alexa eut été un avantage.

Nous avons tourné le film avec une série Zeiss Ultra Prime et nous avons fait venir des Master Prime pour les scènes en extérieur nuit. Nous avions deux corps caméra sur toute la durée.
L’équipe caméra était composée d’un premier assistant, Hervé Jamois, d’une deuxième assistante, Sarah Labagnères-Atisso et d’une stagiaire au combo, Agathe Dercourt.
Lorsque nous tournions à deux caméras, un premier assistant venait en renfort ; un second supplémentaire n’aurait pas été de trop !
L’équipe caméra, machinerie et électricité était mixte, avec des techniciens parisiens et de région.

Les rushes étaient étalonnés. J’envoyais pour cela des photos de référence par mail à Elie, l’étalonneur. Après synchro, ils étaient mis en ligne sur un site FTP de la production. Ce système a bien fonctionné, permettant à toute personne concernée et autorisée, de regarder les rushes à sa guise. Enfin, de retour à Paris, nous avons visionné des rushes en projection.

Richard Kemp se retrouve projeté dans son passé où il sera observateur de lui-même, 20 ans plus jeune… Ainsi, le film se déroule sur trois époques différentes : de nos jours, en 1989, puis à nouveau de nos jours – l’histoire ayant été modifiée par la présence de Kemp âgé en 1989.
Beaucoup de séquences se déroulent dans les mêmes décors, à deux époques différentes. Changement des couleurs et des accessoires, coiffures et costumes différents… Nous avons également pris le parti d’un étalonnage plus chaud des séquences 1989 pour renforcer l’impression de changement d’époque.

La partie la plus délicate du tournage s’est déroulée dans le port de La Rochelle. Malgré un accueil chaleureux et investi, les contraintes d’accès aux décors et les consignes de sécurité draconiennes ont rendu le tournage parfois délicat.
Nous avons eu la chance de tourner dans l’ancienne base des sous-marins allemands de La Pallice – un décor impressionnant.
Eclairer les plans larges intérieurs de nuit était impossible avec nos moyens techniques. Nous avons choisi de les tourner en nuit américaine, ambiance dorée sodium. Le résultat est convaincant lorsque ces plans sont montés avec des plans tournés en vraie nuit éclairés " sodium " !

L’autre difficulté a été de tourner sur l’eau, de nuit, avec les comédiens dans l’eau froide du port. Nous avons fabriqué une plate-forme immergée accrochée au bateau-caméra pour permettre aux comédiens d’avoir pied, et d’être plus à l’aise dans une scène dramatique et importante pour le film.
Malheureusement cette construction fut inutile car, faute de préparation, les combinaisons sèches choisies pour les comédiens les ont empêché d’évoluer librement, de s’immerger au bon moment, par " surflottaison ". Je n’imaginais pas que cela pouvait être si compliqué… La scène a été raccourcie au montage.

Une autre difficulté sur ce film était le rajeunissement de Jean-Hugues Anglade qui interprète un personnage de tantôt 55 ans, tantôt 35, et le vieillissement de Mélanie Thierry de 25 à 45 ans. C’est Dominique Colladant qui s’est chargé des maquillages SFX. Il les a exécutés avec une grande maîtrise et son travail a été légèrement affiné par les SFX numériques.
Pour les séquences dans lesquelles Jean-Hugues Anglade jeune est face à son double plus âgé, nous avons tourné des plans en double passe avec un fond vert pour le personnage en avant plan. Dans d’autres cas, il s’agit d’effet de montage ou d’utilisation d’une doublure. J’avais largement abordé cette problématique sur le film Trouble de Harry Cleven avec Benoît Magimel.

La fenêtre de la chambre d’hôtel de Kemp plus âgé donne sur la façade de l’immeuble où vit son jeune double. Nous avons créé la chambre en studio avec une découverte en fond vert. La difficulté se trouvait surtout dans la présence des reflets dans la vitre en ambiance nuit, conséquents du rapport d’éclairement du fond vert avec le keylight.
Les effets spéciaux numériques ont été réalisés avec succès par Thibault Granier chez Film Factory.

L’étalonnage s’est fait en deux étapes. Le montage image ayant pris du retard, j’ai fait monter une " chenille " de toutes les ambiances dans l’ordre du film. Nous avons travaillé pendant quatre jours avec cette bande de 17 minutes. C’était là un procédé judicieux, car le plus long en étalonnage est de trouver ses bases. Souvent, en avançant, on revient sur les choix du début.
ure idée ou une meilleure méthode d’étalonnage. Lorsque le montage image a été validé, Elie a reporté les valeurs que nous avions trouvées et le film a été étalonné en six jours. Cette pause entre les deux périodes d’étalonnage nous a permis aussi de prendre du recul, ce qui est impossible en 10 jours d’affilée… Bon à savoir !

Synopsis
Alors que le Commandant de Police Richard Kemp enquête sur un meurtre, d’étranges similitudes lui rappellent le Perce-Oreille, un tueur en série qu’il a traqué en vain au début de sa carrière. Son seul témoin est Hélène Batistelli.
Mais un événement mystérieux renvoie Kemp vingt ans en arrière, en mai 1989, à la veille du premier meurtre commis par le Perce-Oreille.
Kemp tente à nouveau d’empêcher les meurtres d’avoir lieu, mais un jeune flic lui complique la tâche : cet inspecteur ambitieux n’est autre que lui-même, vingt ans plus tôt... Hélène, qui ignore encore tout de lui, va alors croiser son chemin…

Production : Haut et Court
Scénario : Nathalie Saugeon
Réalisateur : Germinal Alvarez
Directeur de production : Philippe Delest

(Les images figurant dans le portfolio ont été prises par Vincent Mathias, photographe de plateau occasionnel)

Équipe

Cadreur : Etienne Saldes
1er assistant caméra : Hervé Jamois
2e assistant caméra : Sarah Labagnères-Attisso
Chef électricien : Cafer Ilhan
Groupiste : David Lévy
Chef machiniste : Thierry Ramanana

Technique

Matériel caméra, lumière, machinerie : TSF Caméra - Lumière - Grip
Postproduction : Film Factory (Philippe Akoka, Lionel Kopp)
Etalonneur : Elie Akoka
SFX numériques : Thibaud Granier