L’écart s’est creusé en 2005 entre petits et gros films français

par Nicole Vulser

La Lettre AFC n°153

Selon Madame Cayla, « le marché des salles de cinéma et celui des chaînes de télévision risquent, d’avoir des difficultés à absorber une telle quantité de longs métrages. »

De nouveaux talents. Une bonne part de l’augmentation de la production en 2005 provient des films à très petit budget (moins de 1 million d’euros). Quarante et un de ces longs métrages, dont une bonne partie de documentaires, ont vu le jour en 2005. Parallèlement, le nombre de films à budget élevé augmente toujours (39 ont un budget supérieur à 7 millions d’euros). L’écart s’accroît entre les films à très petit budget et ceux à très gros budget. Le devis d’Oliver Twist, de Roman Polanski, a été le plus élevé (50 millions d’euros), devant celui des Bronzés 3, de Patrice Leconte (35 millions d’euros).

Le nombre de premiers et deuxièmes films représente une nouvelle fois plus de la moitié de la production (55 %). Soixante-neuf premiers films ont été réalisés en 2005 (contre 54 en 2004).

Le financement par les télévisions en baisse. Les préachats des chaînes de télévision, qui représentaient près du tiers du financement des films français en 2001, ne représentent plus qu’un quart des recettes. Cette baisse est compensée par les fonds régionaux, le crédit d’impôt et les minima garantis des distributeurs et des éditeurs vidéo. En 2005, 52 films ont pu être réalisés sans aucun apport financier des chaînes de télévision.

Les coproductions internationales en hausse. L’Europe du cinéma prend forme : 45,5 % des films agréés en 2005 étaient des coproductions, et l’on constate une réciprocité plus facile de la part des autres pays, avec notamment un apport de 147 millions d’euros dans le cinéma français.

Investir pour être vu. Les frais de promotion pour inciter les spectateurs à aller en salles ont explosé. Selon la première étude sur ce sujet menée par le CNC, les investissements publicitaires des films français ont doublé en cinq ans, pour atteindre 223,5 millions d’euros en 2005. Plus le nombre de copies est important, plus l’investissement publicitaire moyen est élevé. Dans l’Hexagone, l’investissement publicitaire brut d’un film américain reste deux fois supérieur à celui d’un film français.

(Nicole Vulser, Le Monde, 22 mars 2006)

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