LHOMME... à la caméra

Par Éric Dumage, AFC

par Eric Dumage La Lettre AFC n°300

Quelle belle rencontre, j’eus… de partager dix années d’assistanat caméra avec Pierre… À la fin, en 1984…, Pierre me proposa de voler de mes propres ailes, tout en précisant que si je ne trouvais pas de films, je pourrai l’appeler ! Ce n’était pas qu’il souhaitait se séparer de moi, bien au contraire, mais juste sa générosité. Notre amitié resta intacte jusqu’au bout.

Au tout début, à l’été 1974, Pierre me fit découvrir sa magie de la lumière douce sur le premier film de Patrice Chéreau, La Chair de l’orchidée, entouré de l’humour irrésistible de Jean-César Chiabaut, au cadre. Ce sera sur le deuxième long métrage avec Patrice Chéreau, Judith Therpauve, avec Simone Signoret, que Pierre me fit découvrir les vraies difficultés des raccords lumière, lorsque la comédienne principale nécessite une lumière douce, sans aucune ombre… afin de préserver sa beauté.

Puis s’enchaînèrent d’incroyables rencontres sur les tournages avec Chris Marker, Jean Eustache, Claude Miller, James Ivory, Jean-François Adam et surtout Marguerite Duras, partageant avec Pierre ces moments d’écoute et de plaisir de la création presque “improvisée”.

Ce sera en 1981, sur le tournage de Tout feu tout flamme, réalisé par Jean-Paul Rappeneau, que notre amitié devint plus profonde. À cette époque, Pierre enchaînait les longs métrages “correctement financés” avec d’autres moins, ce qui l’amenait à alterner “grosses équipes image” et “équipe réduite”…, ce qui me permit de connaître Pierre sur ses qualités d’adaptations audacieuses…, comme sur La Fille prodigue, de Jacques Doillon…, où l’équipe image, sur la volonté du réalisateur, ne se composait que de lui et moi.

Avril 1980, sur le long métrage de Moumen Smihi, 44 ou les récits de la nuit, tourné à Fez (Maroc), Pierre, confronté à des séquences tournées au plus profond de la casbah, réussit à l’aide de huit miroirs se renvoyant le soleil, à éclairer cette magnifique scène, à l’aide d’une seule source, projetée sur le mur situé derrière les comédiens, gardant la pénombre (silhouette) comme effet principal.

Merci Pierre pour ces magnifiques moments.

En vignette de cet article, Marguerite Duras et Pierre Lhomme sur le tournage des Mains négatives, en 1978 - Photo Éric Dumage