Laurent Chalet brise la glace

le chef opérateur qui a assigné en justice Bonne Pioche et Luc Jacquet s’explique

La Lettre AFC n°161

« Aujourd’hui on dit que je me plains parce que le film a eu du succès, mais dès mon retour du pôle Nord, alors que le film était en montage, j’ai demandé à Yves Darondeau [de Bonne Pioche, Ndlr] une reconsidération de mon travail. En effet, mes images, destinées à un documentaire de 90 minutes pour Canal+, ont été utilisées pour un long métrage. » À la signature du contrat avec la maison de production, cette dernière lui avait demandé de faire des efforts sur son salaire, avec en contrepartie une rémunération au pourcentage. Ce premier contrat ne tenant plus au moment du passage au long métrage de cinéma, il lui a été demandé de le déchirer afin s’en établir un autre, ce que, sous la pression des employeurs, Laurent Chalet a fait.

« Aujourd’hui, je me considère comme un nègre cinématographique : j’ai filmé 92 % des images. Luc Jacquet m’a mis demandé de filmer les manchots empereurs, mais le point de vue qui passe à travers les images est le mien. S’il est vrai que les métiers de chef op et de réalisateur sont différents, il existe également une grande différence entre un photographe qui respecte les demandes formulées plan par plan par son réalisateur et celui qui assume seul pendant toute une année tous les choix à l’image. Ce dernier n’est plus seulement un technicien ! » Laurent Chalet souligne encore ne s’être jamais considéré comme un coréalisateur sur les autres films auxquels il a collaboré. Alors que La Marche de l’empereur a été réalisé en 2003, il assigne producteur et réalisateur près de trois ans après les faits.

« J’ai mis longtemps à prendre la décision d’opter pour la voie judiciaire pour faire valoir mes droits, d’une part parce que c’est un geste très délicat à faire pour un intermittent sur le marché du travail. D’autre part, j’ai attendu en vain un geste significatif de Bonne Pioche. » Aujourd’hui, Laurent Chalet poursuit sa carrière et travaille sur un documentaire cinéma de Benjamin Marquet produit par Groupe 2. Il souligne « travailler cette fois sous la direction d’un vrai réalisateur ».