"Laurent Dailland, AFC, utilise le Trinity"

Le stabilisateur Trinity, qui permet de filmer avec un rig stabilisé électroniquement sur 5 axes, a été utilisé pour la première fois sur un long métrage franco-chinois réalisé par Gérard Krawczyck. Laurent Dailland, le directeur de la photographie du film, nous dévoile son expérience unique dans le désert du Xinjiang avec cet appareil développé par Arri.

Comment avez-vous été amené à tourner avec le Arri Trinity sur Magic Seven ?
C’est une longue histoire. Gérard Krawczyck m’a confié l’image de son nouveau film, un "feelgood movie" qui se passe dans un petit village ouïghour perdu où des enfants jouent au football. Un jour, l’un d’entre eux découvre dans le désert Éric Cantona, abandonné là par une mafia de Hong Kong. Ce dernier va entraîner l’équipe de jeunes passionnés de foot et les mener jusqu’à la victoire de la coupe des écoles. Nous tournions à 4 000 km de Shanghai, dans la province du Xinjiang, qui a un désert presque aussi grand que le Sahara. Il fallait donc trouver des solutions pour pouvoir travailler dans cet univers de sable et de rocaille, où il était quasiment impossible d’utiliser de la machinerie classique. Le Trinity d’Arri nous a vraiment sauvé la mise.

Que change le Trinity par rapport à un Steadicam classique ?
Le Trinity a un bras articulé qui lui permet de faire partir la caméra du raz du sol et de monter jusqu’à quasi 2 mètres, ou plus (avec le super pod), dans un même mouvement. C’est comme filmer avec une dolly, mais sans avoir à installer des rails de travelling. Le Trinity s’est aussi révélé très utile pour les scènes de foot où nous pouvions filmer le ballon puis passer aux joueurs et finir en gros plan sur un visage, le tout dans un même plan. En fait, c’est plus qu’une dolly. C’est un outil de mise en scène total. Nous l’avons aussi beaucoup utilisé dans les scènes de comédie pour se rapprocher des acteurs et obtenir des plans plus fluides. En intérieur dans le Xinjiang, les décors réels étaient très exigus. Le Trinity nous a permis de faire des plans complexes, comme tourner dans des escaliers très étroits, sans difficulté. Cette machine est d’une flexibilité incroyable. Je peux dire qu’on a tenu le plan de travail grâce au Trinity.

Comment êtes vous arrivé à choisir un Trinity ?
Le chef machiniste m’a d’abord proposé un système où la caméra était montée sur un exosquelette mais je n’étais pas très convaincu. J’avais pensé à un Steadicam bien sûr, mais on ne peut pas faire des ascensions de plus de 60 cm. C’est Natacha Devillers, la productrice exécutive du film en Chine, qui m’a parlé de Junior Lucano, un opérateur Steadicam péruvo-italien installé là-bas, qui utilise le Trinity d’Arri. J’avais déjà entendu parler de la machine mais comme souvent avec les Français, j’étais un peu dubitatif. Elle m’a envoyé une bande démo et on a fait des essais avec Junior. C’était très impressionnant. Pour les scènes de match de foot, Junior utilise le Trinity perché sur un petit Segway. Avec le réalisateur, on a vite compris tout le parti que l’on pouvait tirer de la machine.

Comment s’est organisé le tournage ?
Au début, le Trinity était en caméra B, mais au bout de quelques jours, on l’a vite passé en caméra A. Moi, je cadrais la caméra B avec une longue focale depuis un Slider de 2 mètres de long que les Chinois ont fabriqué à ma demande. Un des avantages du Trinity, c’est que l’horizon est fait automatiquement par la machine. Du coup, l’opérateur peut se concentrer sur le mouvement et le cadre. Au début, comme Junior tourne beaucoup de pub en Chine, il avait tendance à vouloir impressionner avec le Trinity, mais je l’ai amené à travailler avec sobriété et élégance. C’était une belle collaboration. J’ai beaucoup de chance de l’avoir rencontré.

Quelles caméras avez-vous utilisées ?
On a tourné avec deux Alexa Mini et trois zooms Angénieux anamorphiques. Comme on partait au fin fond du Xinjiang, je voulais un produit solide, capable de résister à tout. Quand je travaille loin de la France, je choisis toujours Arri. En cas de pépin, je sais que l’on peut trouver leurs caméras partout dans le monde et qu’avec leur SAV, il y a toujours une solution. Pour le tournage, j’aurais pu choisir une Alexa SXT et une Alexa Mini, mais je voulais que les deux caméras soient interchangeables en cas de souci. Et comme la Mini est parfaitement adaptée au Trinity…

Comment avez-vous créé le look du film ?
Je voulais une image assez contrastée et très colorée, avec de la saturation. Au niveau du look, comme je n’avais pas de DIT sur le tournage, je me suis beaucoup appuyé sur l’Arri Look Library. Cela a été très précieux. Je pouvais montrer une image qui a du caractère directement sur le plateau. J’ai utilisé une bonne vingtaine de Looks mais très différemment de ce qui est préconisé. Par exemple, j’ai utilisé le Look Beautiful3 pour tourner de nuit alors qu’elle est faite pour le jour. Je suis très content du résultat.

  • Lire la suite - un entretien avec Junior Lucano, opérateur Arri Trinity - sur le site Internet d’Arri France.