Le Bel âge

Laurent est un ami que j’avais rencontré en tournant le film d’Eric Caravaca Le Passager. Il était alors conseiller à la mise en scène. Nous parlions de son film depuis un petit moment. Il y avait plusieurs questions qui revenait : la question de l’eau, du sport, de comment filmer la natation…
Nous avions regardé le merveilleux Vigo : Taris, roi de l’eau...
Pauline Etienne - Photo Céline Bozon
Pauline Etienne
Photo Céline Bozon

Lorsque nous sommes arrivés en préparation, nous avions une idée maîtresse très simple qui était de séparer très nettement l’univers du grand père et celui des adolescents puis que les différences s’amenuisent au fur et à mesure du film. Cela a guidé le choix des décors, des options de mise en scène (épaule/fixité, machinerie) et d’image.
D’un côté j’avais choisi de la 5229, des Cooke S3 avec une forte diffusion et du sans blanchiment partiel au négatif pour être à la fois très doux en terme de texture (pas de contraste) et en même temps très désaturé.

J’ai été cette fois encore épaulée par Jean-René Failliot de chez Arane et je le remercie de tout cœur.
Pour l’autre versant du film j’ai utilisé de la 5219 avec des Ultraprime pour obtenir une image beaucoup plus brillante, clinquante et colorée.
Quelque fois j’ai l’impression que la réussite peut tenir dans la simplicité et la justesse du choix initial et dans la détermination à l’appliquer. Ensuite tous les petits gestes de réajustements, le travail proprement dit, se passe comme une course, on ne pense plus, on réagit et puis on regarde le tableau d’affichage pour voir à quelle place on est arrivé.

Pauline Etienne - Photo Céline Bozon
Pauline Etienne
Photo Céline Bozon

Durant le tournage nous avons eu énormément de problèmes caméra et d’optiques, le tournage a été très tendu dans l’équipe image, notamment pour mon assistante et suite au film nous avons eu une réunion avec le loueur car ma confiance était fortement ébranlée : l’amenuisement des budgets cinématographique était au cœur de la réunion et chacun avouait les faiblesses que cela engendrait.
On a toujours de grande ambitions au départ des projets et on essaie de tirer les choses vers le haut, jusqu’à présent j’avais l’impression que tout le monde jouait le jeu : prestataires, producteur, chef opérateur, et qu’on trouvait toujours une manière de " s’arranger " puisque c’est notre intérêt à tous, nous allons nous retrouver (ensemble) dans trois mois sur d’autres films.

Mais ce n’est plus le cas, et moi qui suis jeune dans ce métier je ressens que quelque chose est en train de changer. La marge s’est réduite et c’est cette marge qui permettait de travailler, de chercher, d’être exigeant même dans des économies réduites. Si cela disparaît et si les discussions ne peuvent plus avoir lieu d’un point de vue artistique, si les choses se mécanisent, et que tout est donné d’avance, les devis, le matériel, qu’on a affaire à une suite de chiffres, alors je ne sais pas trop à quoi je sers.
D’autant plus que je considère que cela fait partie de mon travail de tenir compte de l’économie des films ; de déterminer des priorités, de savoir les communiquer au réalisateur, d’oser des choix forts (équipe réduite à telle endroit, réduction du matériel à tel autre contre prelight sur tel décor) mais encore faut il que ce jeu soit possible, car pour moi ce n’est pas un " plus ", c’est le cœur de mon travail. Affaire à suivre.

Sur le tournage du "Bel âge" - De gauche à droite : Laurent Perreau, réalisateur, Pauline Etienne, Thomas Trefouel, assistant réalisateur, Caroline Philipponnat, chef maqilleuse, et Erwan Kerzanet, chef opérateur du son<br class='manualbr' />Photo Céline Bozon
Sur le tournage du "Bel âge"
De gauche à droite : Laurent Perreau, réalisateur, Pauline Etienne, Thomas Trefouel, assistant réalisateur, Caroline Philipponnat, chef maqilleuse, et Erwan Kerzanet, chef opérateur du son
Photo Céline Bozon

Equipe image
Assistante : Claire Nicol
Chef électro : Pierre Bonnet
Chef machino : Morvan Omnes

Pauline Etienne - Dans <i>Le Bel âge</i> de Laurent Perreau, photographié par Céline Bozon
Pauline Etienne
Dans Le Bel âge de Laurent Perreau, photographié par Céline Bozon

Technique

Laboratoire : Arane, étalonnage Sophie Lustière
Loueur caméra, lumière : TSF