Le Cou de la girafe

Le Cou de la girafe a été tourné à l’automne 2003 en Belgique, à Paris, sur la Côte Basque et en Espagne. Safy Nebbou a vécu une grande partie de sa vie à Bayonne.

Nous nous étions rencontrés lors d’un repérage sublime dans les montagnes près de Saint Jean Pied de Port pour un magnifique court métrage Bertzea tourné en langue basque et que, malheureusement, je n’avais pas pu faire.

On s’est retrouvé pour Le Cou de la Girafe, je crois que c’est le plus beau mélo que j’aie jamais fait. Claude Rich tient là un de ses plus beaux rôles, il est porté par sa partenaire de 8 ans, Louisa Pili (un de ces enfants exceptionnels que le cinéma découvre parfois). La petite fille fait échapper son grand-père du mouroir ou il vient d’entrer pour partir à la recherche de la grand-mère dont on lui avait toujours caché l’existence.
Sandrine Bonnaire joue le rôle de la mère et c’était un enchantement de l’éclairer en complicité avec la maquilleuse Fabienne Robineau. La surprenante faculté de Sandrine de passer du grave au radieux me laisse penser qu’elle dispose d’un petit " dimmer " intégré qu’elle actionne à sa guise, afin de régler elle même son illumination.

Safy Nebbou a une pêche d’enfer, mais son cinéma reste sobre. Il m’a demandé une lumière qui ne se sente pas, des couleurs froides, pas d’effets marqués... Ça m’a choqué au départ, comme si je devais mettre un frein a toutes mes envies premières, mais, au final, je suis content d’avoir été dirigé de la sorte. Cet aspect différent de mes images me plaît, un peu comme lorsque je contemple des chaussures neuves que je viens d’acheter.

Le film s’est fait avec une équipe belge pour l’intégralité du tournage, de très bons techniciens, mais j’ai quand même bien regretté mon équipe, d’autant plus que les " Tax-shelters " annoncés par la coproduction de Bruxelles ne sont jamais arrivés.

Pas encore d’étalonnage numérique, malheureusement, et ça me tente de plus en plus, surtout que Bruno Patin, mon étalonneur a, lui, traversé la cour des peupliers...
Patrick Delamotte a sorti de très belles copies négatives. Par contre, il s’est passé des choses étranges au niveau des inters, en effet, avec la même positive (Kodak 83) que les copies négatives : l’image de cet inter était devenue trop contrastée, charbonneuse et désaturée. Nous avons sauvé le coup avec Alain Castagnier en utilisant la nouvelle positive Fuji (pourtant dite " haut contraste ") plus douce que la Kodak et plus colorée, et finalement cette recette nous a restitué à peu près le rendu du négatif. J’aurais préféré éviter ce stress de fin de parcours.

Plusieurs grandes séquences du film se passent dans un TGV en mouvement et à l’arrêt en gare, cela représentait 4 ou 5 jours de tournage avec beaucoup d’imprévus, finalement, nous avons pu tourner en 3 jours dans un hangar SNCF à Villeneuve-Saint-Georges avec un fond vert. Cette partie du tournage a mis en joie tout le monde tant le confort pour la création de chacun était grand. Les gens de chez Mikros ont fait un magnifique travail d’incrustation numérique. Je n’ai pas voulu faire d’effets de défilement lumière parce que je n’imaginais pas qu’une équipe d’électriciens faisant tournoyer des drapeaux soit compatible avec la concentration que nous amenait ce mode de tournage et je ne l’ai pas regretté, tant l’effet de roulement fonctionne bien avec les pelures et le son. »

Équipe

Chef électricien : Yan Vandenbussche
Chef machiniste : Michel Vervloet
Chef opérateur 2e équipe : Dominique Pinto
1er assistant caméra et cadre 2e caméra : Bernard Delville
Chef décorateur : Cyril Gomez-Mathieu

Technique

Caméra : Panavision Millenium,
objectifs et zooms Primo.
Laboratoire : Eclair
Pellicule : Kodak 5218
Filtres : essentiellement 81EF et 1/4 White Pro Mist