Le Mariage à trois

Paru le La Lettre AFC n°197 Autres formats

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Dans l’année qui s’est écoulée, Jacques Doillon m’a beaucoup parlé de cette " fantaisie " inspirée d’Inferno de Strindberg qui est devenue Le Mariage à trois.
La fantaisie évoque la légèreté et nous avons parfois rêvé de faire ce film en temps réel, en l’ayant répété plusieurs semaines.

Mais le souci du texte, toujours en tête des préoccupations, avec des acteurs de moins en moins enclins aux répétitions, rend les choses plus difficiles et il nous a fallu trouver un moyen terme.
Doillon fait trop de prises (10 à 30) pour prendre ses plans (souvent longs) à la légère, sur ce petit budget nous avons donc fait sciemment le choix du numérique. Deux caméras Panasonic 3700 équipées de deux zooms, le plus souvent sur deux travellings à la perpendiculaire l’un de l’autre.
Les cadres minutieusement répétés, étaient mis en place mot à mot et pas à pas. Deux écrans de contrôle donnaient à la mise en scène la possibilité de penser les coupes avec précision.

Jacques Doillon directs Pascal Greggory and Julie Depardieu
Jacques Doillon directs Pascal Greggory and Julie Depardieu

Eclairer pour deux caméras est toujours un exercice périlleux, je l’avais déjà fait assez systématiquement pour Alice et Martin d’André Téchiné. Il faut tenter de garder un axe de lumière sans qu’il devienne " encombrant " pour l’autre caméra, essayer de s’en amuser et faire avec les variations d’ambiance extérieure qui, sur une moyenne de 20 prises, sont toujours au rendez-vous, en ajoutant le fait que le film est censé se dérouler en temps réel sur quelques heures d’été, vers le déjeuner.
Cependant, même dans ce guêpier, la précision des demandes de Doillon incite à réussir l’exercice, " polir son geste " en quelque sorte, face à des acteurs pris eux-mêmes dans les mailles serrées du texte et des places.

Jacques Doillon and Agathe Bonitzer
Jacques Doillon and Agathe Bonitzer

A l’arrivée, il y a pas mal de plaisir à ce que tout cela soit aussi fluide.
Merci donc à ces acteurs brillants, Pascal Gréggory, Julie Depardieu, Louis Garrel, Agathe Bonitzer et Louis-Do de Lencquesaing, merci à une équipe d’assistants concentrés Stephen Mack et Lucie Colombié qui, outre le point, ont assuré le workflow on set, à Léo Hinstin pour la deuxième caméra, à Emmanuel Demorgon et Mickael Wallet à la lumière, à Kris Theuwis et Lucien Liégeois pour les mouvements incessants.

Merci à Eclair et, particulièrement à Aude Humblet, pour avoir aussi finement réajusté les deux caméras et précisément placé les noirs, séquence après séquence, merci à Gérard Savary pour le point de vue et point de jaune...
Merci à Tatou de cette première collaboration agréable.

Technique

Matériel Caméra : Tatou
Laboratoire : Eclair
Etalonnage numérique : Aude Humblet
Etalonnage photochimique : Gérard Savary