Le dernier voyage de Bruno de Keyzer

Par Robert Fraisse, directeur de la photographie

La Lettre AFC n°300

Bruno de Keyzer a été 2e, puis 1er assistant sur plusieurs films que j’ai tournés. Nous jouions au tennis ensemble. Gentil, généreux, c’était un charmeur. Il séduisait parce qu’il donnait toujours l’impression de s’intéresser à la vie des gens auxquels il s’adressait. Très drôle, beaucoup d’esprit, il aimait rire et faire rire, apportant de la bonne humeur dans l’équipe, si bien qu’il semblait peu sérieux, prenant tout à la légère.

De ce fait, je n’imaginais pas alors qu’il puisse devenir le directeur de la photo de talent qu’il a été. Il n’a pas fait, je crois, d’école de cinéma mais a su regarder travailler les DP qu’il a assistés comme Sven Nykvist ou Pasquale de Santis qu’il admirait beaucoup. Intuitif, il a compris très vite que la photo d’un film doit coller au sujet et soutenir le récit. Il était humble et ne se prenait pas au sérieux comme certains.

Il avait du bon sens et travaillait, je pense, très simplement. Un peu insouciant peut-être, il tournait tout en dérision et si l’on avait évoqué ensemble son dernier grand voyage, il m’aurait dit en rigolant : « Mais mon petit Robert, il faut bien partir un jour ! » Ça, c’était Bruno.