A propos de la rétrospective Caroline Champetier, AFC, à la Cinémathèque française

Le geste à la parole

Par Eric Guichard, AFC

par Eric Guichard La Lettre AFC n°239

Tout d’abord au nom de l’AFC, je tiens à remercier la Cinémathèque française de nous réserver, chaque année depuis cinq ans, cette fenêtre d’expression de l’art cinématographique. En ce 8 février 2014, la parole sera donnée pour la première fois à une femme directrice de la photographie, Caroline Champetier, AFC. En ces temps où l’on parle beaucoup de parité, cet évènement n’est peut être pas anodin mais arrive à point nommé.

Cela peut paraître ancestral à toute une jeune génération qui lira ces lignes mais être une femme à la caméra fut plus qu’un parcours du combattant. Dans un monde de techniciens et d’ouvriers à 100% masculin, il fallait non seulement être douée dans son travail mais redoubler d’efforts pour être acceptée dans les équipes.
Certains diront que c’est parfois encore le cas aujourd’hui mais rien de comparable je vous rassure.
Le parcours de Caroline Champetier, c’est à la fois l‘histoire d’une femme à l’image mais aussi celui d’un destin de cinéaste.
De sa collaboration avec William Lubtchansky, AFC en passant par Dominique Chapuis, AFC, Caroline Champetier va croiser des metteurs en scène non seulement talentueux mais surtout des cinéastes engagés dans leur art.
Cet engagement, c’est tout au long de sa filmographie l’axe majeur dans l’exercice de son métier.
Que ce soit dans le geste cinématographique, les parti-pris, les rencontres avec les cinéastes qu’elle a approchés ou qui se sont approchés d’elle, on retrouve chaque fois un engagement profond pour le film, l’image, l’histoire.
Cette rencontre (je ne suis pas convaincu du terme " leçon ") autour du travail de Caroline Champetier sera l’occasion de dévoiler un peu la face discrète d’une cinéaste, de son instinct, de ses doutes de ce qu’elle assume définitivement dans le terme " cinéaste ".
Et pour parler d’image, je me risquerai à comparer le travail de Caroline avec le contraste de ses images.
Des ombres marquées de ses premiers films jusqu’à la douceur et presque l’absence de noir purement photographique dans Des hommes et les dieux, le contraste est le leitmotiv des films photographiés par Caroline. Et que ses choix déconcertent, dérangent ou au contraire subliment le film, le contraste lui ressemble ; irritante pour certains, dérangeante pour d’autres ou, au contraire, admiratifs de son analyse ou remarquable par son travail cinématographique, Caroline est ainsi mais le cinéma d’aujourd’hui et de demain, grâce à elle, gagne en profondeur et en clairvoyance.

Engagement ai-je dit !

  • Lire l’article passionnant de Bernard Payen à propos de la rétrospective et du travail de Caroline Champetier
  • La leçon de cinéma aura lieu à 16h30 samedi 8 février après la projection d’Holy Motors, et sera animée par Bernard Benoliel, en présence de Céline Bozon, AFC.