Les Amours d’Astrée et de Céladon

A suivre des extraits du scénario choisis par Diane Baratier et son commentaire concernant le travail de l’image effectué pour ce film.

Extraits du scénario d’Eric Rohmer reçu en mai 2005
Ainsi commence le scénario :

La Montagne
La bergère Astrée est assise sur les bords escarpés du Lignon. On entend les échos lointains d’une fête champêtre.
Un berger, Semyre, passe.

Semyre  : Que languissez-vous sur ce rocher, belle Astrée, loin des plaisirs de la fête ?

Astrée : Je n’ose m’y montrer, Semyre, de peur d’affronter la vue des parents de mon cher Céladon, qui haïssent les miens.

La Plaine
Leurs cheveux épars allaient ondoyant sur leurs épaules, couverts d’une guirlande de diverses perles. Elles avaient le sein découvert, et les manches de la robe retroussées jusqu’au coude, le bas de leur robe, sur le devant, était retroussé sur la hanche.

Le jardin des nymphes
Céladon se promène en compagnie de Galathée.

Galathée : Mais dites-moi, berger, entre toutes les plus grandes offenses, celle de l’ingratitude ne tient-elle pas le premier lieu ?

Céladon : Si fait, sans doute.

Galathée : Et pourtant, à tant d’amitié que je vous fais paraître, je ne reçois que froideur et dédain.

Commentaire

« Astrée se jeta hors du lit, si belle que la feinte druide en demeura ravie. La première chose qu’elle vit, ce fut le pied et la jambe jusqu’à la moitié de la cuisse et puis le sein presque tout à nu. La blancheur et la délicatesse de la cuisse ne se pouvaient comparer qu’à eux-mêmes. »

L’image et la matière ne pouvaient que disparaître devant un texte aussi bien écrit, des sentiments si bien dits. Honoré d’Urfé a publié le premier tome d’Astrée en 1607, il y a tout juste 400 ans.

Nous cherchâmes un an avec Françoise Etchgaray, Eric Rohmer et Philippe Liégeois la texture de l’image. Et finalement, guidés par Eric, nous avons tourné en 16 mm avec une série de Cooke S4 dans le format 1,33. Le résultat a été scanné pour être shooté dans la norme d’exploitation 1,85.

Si l’image de ce film est réussie, c’est grâce à la complicité de toute l’équipe. Acteurs, Costumes, Producteurs, Coiffeurs-Maquilleurs, Assistants, Régisseurs, nous étions tous présents pour que l’image du film corresponde au goût du réalisateur. Nous étions au service d’un homme délicat, fin et charmant. La grâce et l’élégance d’Eric Rohmer sont des infinis dans lesquels on plonge pour se voir et toujours le découvrir.

Avis aux amateurs :
On vient de finir un nouveau court métrage en DV Le Nu à la terrasse.

Technique

Tourné en 16 mm au format 1:1,33
Objectifs : Cooke S4
Scanné puis retourné sur film au format d’exploitation 1:1,85