Les Chansons d’amour

Film en sélection officielle au Festival de Cannes, projection le 18 mai
Troisième collaboration avec Christophe Honoré après Tout contre Léo et 17 fois Cécile Cassard. Cette fois-ci, c’est dans un genre que je n’avais encore jamais pratiqué que Christophe me fait voyager : le film chanté. Entouré de son habituel compositeur Alex Beaupin, Christophe a écrit un film qui alterne entre comédie et drame en privilégiant l’humeur et… l’humour.

L’influence de la Nouvelle Vague est toujours présente aussi bien dans l’écriture que dans les moyens et les outils que nous avons utilisés. Il est question de tourner principalement de nuit dans les rues de Paris et dans des appartements ou nous voulons privilégier les découvertes de la ville.
Il a été question de légèreté, de vivacité dans la caméra, de laisser les acteurs jouer dans les décors sans contrainte, d’inventer un autre regard à travers la caméra, le tout porté par la rythmique des chansons et les paroles très évocatrices.

On a revu quelques films, quelques comédies musicales et puis finalement on a construit le film autour de nos propres intuitions, un peu comme si l’on voulait inventer une écriture que nous ne connaissions pas, comme si c’était la première fois que l’on prenait une caméra, sans expérience, sans les habitudes. Je me rappelle les paroles de Robby Müller concernant son travail sur Breaking The Waves : casser les routines… l’innocence, ça veut dire ne rien savoir (ou ne plus savoir), ne pas avoir d’expérience et regarder avec la caméra ou bon te semble…

J’ai tenté de faire ce film dans le même esprit avec l’équipe. Quelques repérages ou l’on ne se dit pas comment on va faire, juste sentir que c’est le lieu de l’histoire, retrouver cette fraîcheur de regard pour n’inventer qu’au moment de tourner et se laisser porter par les personnages et leurs propres intuitions. On aurait voulu le Scope, un peu en référence aux comédies que l’on a aimées, ce sera du 1,85. On voulait du noir et blanc dans les rues la nuit, ce sera de la couleur très désaturée et un Paris contraste noir et blanc. Il fallait fuir ces éternelles sensations sodium orangée que Paris a l’habitude de refléter. Des appartements clairs, quelques taches de couleur et la ville froide l’hiver, le gris de la ville, pas de soleil, juste cette rondeur du jour d’hiver.

Pour se laisser porter par l’intuition, peu de lumières pour penser vite et faire vite quand l’acteur est dans l’état d’être celui dont on veut capter le souffle. Des sources entre le Bug 200 et le 800 de K5600, les boules à lumière de Maluna (formidable outil d’adaptation aux petits décors et à l’intervention minimaliste). C’est un exercice passionnant, dangereux aussi : les basses lumières et le point font partie intégrantes de la fragilité des personnages. Et enfin la grâce de chacun des acteurs : Chiara, Louis, Ludivine, Clothilde, Grégoire, Jérémie, Alice, Jean Marie et Brigitte qui se sont merveilleusement prêtés au jeu des chansons.

On a tourné en Moviecam Compact et série Zeiss GO, sur Kodak 5229 (formidable en sans blanchiment grain fin), 5218 et 5205. Le matériel électrique de Ciné Lumières, les bains du laboratoire GTC, les yeux de Christophe Bousquet à l’étalonnage argentique et l’énergie inoubliable de mon équipe de tournage.
Cerise sur le gâteau, le film est en sélection officielle à Cannes et c’est la deuxième fois que j’accompagne Christophe au Festival.

Je tiens enfin à remercier l’ensemble des personnes qui ont travaillé sur le film, spécialement celles qui ont du batailler ferme ces deux dernières semaines pour livrer toute chaudes les copies du festival. Sans elles, le film n’aurait pu être mixé (Thierry Delor), étalonné (Christophe Bousquet), truqué (Pierrot) et tiré à temps (Christophe Lemer).
Enfin un immense bonheur d’être toujours porté vers des univers riches et enivrants, un cinéma qui chaque jour me surprend et m’apprend. C’est le cinéma que Christophe Honoré aime faire partager.
Merci.

Ludivine Sagnier au cinéma
Ludivine Sagnier au cinéma
Louis Garrel
Louis Garrel
Louis Garrel
Louis Garrel
Chiara Mastroianni chez sa sœur
Chiara Mastroianni chez sa sœur
Clotilde Hesme et Louis Garrel
Clotilde Hesme et Louis Garrel
Louis Garrel, scène d'amour
Louis Garrel, scène d’amour
Louis Garrel au cimetière
Louis Garrel au cimetière

Équipe

Etalonnage argentique : Christophe Bousquet

Technique

Pellicules : Kodak 5229, 5218 et 5205.
Caméra : Cinécam, Moviecam Compact
Objectifs : série Zeiss GO
Matériel électrique : Ciné Lumières de Paris
Laboratoire : GTC