Les Revenants

Ces revenants ressemblent aussi peu que possible aux morts-vivants classiques du genre, leur étrangeté vient justement de leur apparente banalité. Et c’est sur ce principe que s’est déterminé mon choix de lumière. Montrer ces morts dans une lumière banale, sans artifice, sans mystère, mais les rendre à la fois beaux, lumineux, sereins, comme s’ils effectuaient leur promenade de retraités, presque trop sereins peut-être.

Les Revenants est un film sur le deuil, qui au lieu de traiter le deuil de manière intime, tente de le décrire au contraire comme une crise mondiale, une expérience collective.
Le film joue sur ce problème d’échelle et par rapport à cela, dans le choix du Scope pour sa largeur d’image, nous avons été très influencés par les photos de Jeff Wall, photographies souvent très larges et en plongée, de paysages urbains très quotidiens dans lesquels on distingue toujours des personnes, à la fois très petites mais bien présentes.

Robin voulait aussi que, parfois, l’on ait presque l’impression d’assister à un simple reportage sur la réinsertion des morts. Il voulait, d’ailleurs, au tout début de la préparation faire ce film en vidéo, à la fois pour avoir cet aspect documentaire du début du film, mais aussi par rapport à la modernité du support, et le coté " wargame " des jeux vidéo qui pouvait coller avec la deuxième partie du film, la fuite des revenants.
Au final, en adoptant le Scope Super 35, nous sommes restés, d’une certaine manière, beaucoup plus classiques. De la vidéo il ne reste que quelques images en caméra thermique, et en " night shot ". Mais je pense que cette idée est encore dans un coin de sa tête et servira sûrement pour un projet futur.