Lullaby for Pi

Lullaby for Pi est le premier long métrage de Benoît Philippon. Nous nous sommes rencontrés en 2005 par l’intermédiaire de Frédérique Dumas, alors productrice.
Scénariste, Benoît tenait à réaliser lui-même. Il n’est pas simplement axé sur la direction d’acteurs. Il a une idée très précise de l’image et m’a présenté un dossier visuel avant le tournage.

D’abord écrit en français, le projet de Lullaby for Pi n’a pas pu se tourner en France, car Benoît n’a pas eu de réponses favorables des acteurs qu’il souhaitait.
Au départ, l’histoire vient d’une anecdote racontée par Tom Waits, et le film devait s’appeler Tom attend. Le film est en anglais, avec Rupert Friend, Clémence Poésy et Forest Whitaker, personnage qui irradie le plateau par sa présence. Il joue le rôle d’un " ange gardien " d’hôtel.
Il n’y aura pas de version française, ce qui va compliquer la promotion puisque les B.A. ne passent pas à la télévision en version anglaise.

L’atmosphère du film est sombre, tourné en intérieur dans une chambre d’hôtel, un bar de jazz et des extérieurs nuit ; l’histoire, elle, ne l’est pas.
Une histoire d’amour pleine de " poésy " (Clémence).
La bande annonce montre très bien ce qu’est l’image du film. C’est une image que j’aime faire, mais que je n’aurais pas pu interpréter ainsi sans l’appui du réalisateur dont la démarche esthétique est forte.

Sa demande, garder le parti pris esthétique d’un tournage en studio (celui dont il rêvait) alors que les 80 % du film ont été tournés en décor naturel. Les décors étaient sombres, les murs denses et brillants.
Son rêve premier était de tourner en studio à New York et en extérieur toujours à New York. Mais pour des raisons " esthétiques de production ", il en fut autrement. Ici, la chambre, la salle de bains et le couloir sont tournés en studio, le reste, en décors naturels, au milieu de nulle part entre Toronto et Vancouver, à Regina, dans la province canadienne du Saskatchewan, où est pratiqué un fort taux de détaxe.
Dans cette région très touchée par la crise, il ne se tourne que peu de longs métrages ; il y a des studios, très bien pensés, utilisés pour quelques téléfilms canadiens.

J’ai eu la chance de travailler avec une équipe locale exceptionnelle, avec des techniciens très motivés et impliqués, surpris que l’on vienne faire un film chez eux.
Le " gaffer ", Andrew Gordon, et son équipe ont été des collaborateurs exceptionnels.
John Bailie, 1er assistant opérateur, est venu de Londres ; j’avais déjà travaillé avec lui sur Into the Storm.
Le réalisateur, ne trouvant pas de cadreur correspondant à son attente dans cette région, a demandé à Fabienne Octobre, qu’il connaissait aussi, de nous rejoindre. Son habileté à la caméra, aussi bien à l’épaule que dans ses mouvements de dolly, nous a ravis.

Les contraintes financières nous ont obligés à tourner ce film en 29 jours. Ici, le défi était la rapidité, tout en gardant la direction d’image que nous souhaitions avec Benoît Philippon. Nous avions préparé longuement ce tournage.
Les caméras Arricam avec objectifs Primo venaient de Panavision Vancouver.
Le laboratoire était Deluxe à Toronto ; ce laboratoire, ses techniciens, son étalonneur numérique, Chris, ont fait un travail d’une qualité rare.
Nous avons fait l’étalonnage numérique en 8 jours.
Les copies de séries, d’après internégatif, sont meilleures, de mon point de vue, que celle du négatif ; toute cette chaîne est Kodak avec, bien sûr, Bruno Patin, responsable en France des copies, qui, avec une telle passion pour son travail, a poussé encore plus loin dans cette touche finale les limites de mes attentes.
(Propos recueillis par Isabelle Scala)

Équipe

Cadreuse : Fabienne Octobre
1er assistant opérateur : John Bailie (Londres)
Gaffer : Andrew Gordon (Canada)

Technique

Pellicule : Kodak 5219
Matériel caméra : Panavision Vancouver, Arricam (Studio et Lite), Super 35, 3 perf, format 2,35:1
Objectifs Primo
Tirages des copies : Eclair, étalonnage Bruno Patin