My Life Without Me

Ma vie sans moi
Isabel Coïxet est l’auteur à part entière du scénario et de la mise en scène de Ma vie sans moi. Elle est catalane et vit à Barcelone. Depuis des années nous entretenons une belle relation d’amitié et avons souvent travaillé ensemble. J’apprécie sa haute culture, sa connaissance du cinéma, son discernement, sa force de caractère dans l’action.

Ma vie sans moi, tourné à Vancouver, a été produit par El Deséo, la production de Pédro et Augustín Almodóvar.
C’est Isabel qui tient le cadre dans le film. Elle s’en empare comme personne ne pourrait le faire à sa place. Son geste est inspiré. Sa manière de travailler est unique et prodigieuse d’intérêt. La caméra est le plus souvent libre, accrochée sur un bras de suspension " easy reak ". Elle découpe peu, tourne peu de prises, et cela parce qu’elle a un sens aigu de ce dont le film a besoin. Elle ne perd donc rien du jeu des comédiens avec qui elle a su établir, dès les premières rencontres, une réelle complicité.
Les personnages naissent ainsi de ce courant d’échange généreux, exempt de tout narcissisme, qui passe entre le metteur en scène et les comédiens. Et c’est à cela, sans doute, qu’ils doivent une part de leur vérité. De mon côté, je tiens les rênes de " la lumière ". Je calcule mes avancées en fonction de sa liberté à elle, sans que nous ayons besoin de nous en entretenir. Ainsi, nous atteignons au plus juste, me semble-t-il. Et cette simplicité de rapport, bien loin de compromettre le travail de l’un ou de l’autre, fut au contraire la source de réussites partagées.

Le film a été tourné en anglais, mais le scénario sur lequel je travaillais était en espagnol. Isabel parle parfaitement le français. Nous communiquons dans les deux langues mais, lorsque l’on s’écrit, elle utilise l’espagnol et je lui réponds en français. L’équipe que nous avons constituée en Colombie britannique était entièrement anglophone. Seul le chef électricien, Pascal Pillot-Bruhat, un être rare, parlait le français.

Le souhait de la production, conduite par la directrice des productions de El Deséo, Esther García, était de tourner en 35 mm. Pour différentes raisons, nous avons convenu avec Isabel de filmer en Super 16 mm. Le procédé de gonflage par " scan " et " shoot " a été retenu sans qu’il y ait de raisons évidentes. Pourtant, le film ayant été distribué dans de nombreux pays, ce choix s’est avéré être le bon. J’ai, pour ma part, beaucoup apprécié la qualité de résolution, du contour, de la colorimétrie. Le négatif, développé à Vancouver, a été ensuite rapatrié en Espagne pour les finitions au laboratoire Madrid films. Les rushes, en Beta numérique PAL ont été tirés et visionnés à Vancouver. Il fut d’abord question de suivre le processus de gonflage numérique en France
En effet, d’autres essais avaient été menés à Madrid, mais sans succès pour le gonflage direct, le procédé n’étant pas développé en Espagne et le numérique inexistant. D’excellents essais ont ainsi été entrepris chez Duboicolor, sous la houlette de Tommaso Vergallo, étalonnés par Didier Lefouest. Un autre excellent essai de gonflage direct en 35 mm a été réalisé chez GTC, sous la responsabilité de Jean-Marc Grégeois qui est un remarquable étalonneur avec qui je collabore le plus souvent possible. Esther García est venue à Paris pour rencontrer les deux laboratoires et visionner les essais. C’est finalement à Madrid que ce travail de gonflage a été réalisé, par de nouveaux venus sur le marché : Molinare. Il était néanmoins convenu, avec Esther, qu’au moindre problème nous recommencerions à Paris. C’est donc sous l’égide de Pepe Cruz, un savant et humaniste, ancien étalonneur de Madrid Films, qu’a été réalisé le master 35 mm par " scan " et " shoot ". Nous avons tourné avec une caméra Arri munie de lentilles fixes UltraPrime. Pellicule Kodak Vision : 500 ISO artificielle (pour la majorité) - 250 ISO Dayligth.

Technique

Pellicules : Kodak Vision 500T et 250D
Caméra Arriflex S16 et optiques fixes UltraPrime