Marc Nicolas s’adresse aux élèves de La fémis

La Lettre AFC n°186

Suite à l’interruption récente du suivi des cours et exercices pratiques par les élèves de La fémis, Marc Nicolas, directeur général de l’Ecole, répond à l’un de leur courrier dans la lettre suivante.

Paris, le 10 avril 2009

Chers élèves,

Vos délégués m’ont remis hier matin une lettre de réaction à mes propos d’avant-hier devant vous dans la cour. J’ai compris qu’elle manifeste le manque de confiance qui subsiste chez nombre d’entre vous quant à la sincérité et l’étendue de mes engagements pour que notre Ecole change.
Je veux donc vous dire par cette réponse plusieurs choses que j’ai jusqu’alors mal ou trop peu exprimées.

Tout d’abord, je redis que j’ai bien entendu le sens de votre mouvement collectif et compris ses différentes dimensions. J’ai bien entendu en particulier vos demandes centrales d’ouverture, de transversalité et de transparence.
A de nombreux égards je partage, comme notre président Claude Miller, votre souci que ces trois directions soient retravaillées et orientent des changements nouveaux dans l’Ecole. Elles ont déjà inspiré certains changements auxquels j’ai conduit l’Ecole dans un passé récent - c’était le sens des quelques références aux chantiers réussis des dernières années dans mon intervention d’hier et que certains ont entendu, à tort, comme des signes d’autosatisfaction. Elles vont donc servir de fil rouge au processus de travail que je vous ai proposé pour les prochaines semaines.
Pour rester sur ce plan des principes, j’ajoute que j’ai aussi entendu votre souhait que des changements interviennent dans certains domaines rapidement. C’est ce qui m’a dicté le calendrier serré que j’ai présenté. Notre Ecole a des rythmes structurants et l’année universitaire en est un : un certain nombre de décisions devront être prises avec cet horizon de s’appliquer dès septembre 2009.

C’est la raison pour laquelle j’ai lancé un processus de travail collectif auquel je souhaite que vous preniez pleinement part aux côtés des salariés de l’Ecole et des directeurs de département. Je l’ai présenté à vos délégués et vous avez prévu d’en débattre donc je n’y reviens pas.
Je m’engage à ce que ce processus soit mené à bien et conduise à des décisions. Même si je n’ai pu lui en parler directement ces derniers jours pour les raisons que je vous ai dites, je suis sûr que notre président Claude Miller souhaitera, comme je le lui proposerai, les présenter à notre Conseil d’administration, lieu naturel de débat sur les grandes orientations de l’Ecole.

Pour préparer ce moment et orienter les travaux j’ai fixé des orientations générales aux 5 groupes de travail.

Je demande au groupe animé par le directeur technique de proposer de nouveaux outils de travail au service de tous et favorisant la disponibilité des espaces et matériels, l’adaptation de l’organisation de l’Ecole aux nouvelles techniques numériques et de définir les lignes de force d’un nouveau site internet intégralement remanié qui comportera un espace animé par les élèves.

Je demande au groupe piloté par la directrice des études de repenser, en concertation avec tous, le programme des enseignements, de clarifier le fonctionnement de la direction des études, d’imaginer les moyens d’introduire plus de transversalité, de souplesse, d’inventivité et d’exigence dans les cursus, de donner leur place à l’inconnu et à l’imprévu.

Je demande au groupe piloté par la directrice des relations extérieures d’animer une réflexion sur les relations de notre école avec les autres écoles d’art, sur la poursuite et le développement de nos actions d’ouverture internationale, de multiplier les occasions de sortir de l’école ou d’accueillir de nouveaux partenaires.

Je demande au groupe piloté par la directrice administrative et financière et le directeur adjoint aux études de chercher avec vous les moyens de rendre La fémis plus vivante et plus agréable à vivre au quotidien, de favoriser tout ce qui vous permettra de vous l’approprier et d’en faire un lieu de rencontres et d’échanges.

Je veillerai à ce que le groupe que je piloterai invente les conditions d’une meilleure représentation des élèves dans l’élaboration des décisions relatives aux programmes des études et plus généralement des décisions structurantes pour l’Ecole. Il travaillera aussi la question délicate de la durée d’exercice des fonctions de directeur de département dans l’optique réaffirmée que ces fonctions sont à durée déterminée. Il ira jusqu’à s’interroger, s’il le faut, sur la nécessité d’amender les statuts de l’Ecole.

Je demande à tous les acteurs de l’école, directeurs de départements, permanents, intervenants et élèves de travailler sereinement pour que chacun participe à sa place au rétablissement des conditions d’un dialogue libre et constructif entre nous, pour redonner du souffle à notre projet commun.
Je veillerai à ce que cet effort convergent respecte le rôle de chacun tout en demandant à chacun de respecter celui des autres.

Je réaffirme mon engagement personnel dans le projet fondamental de l’école et sa mission de former les artistes, techniciens et professionnels du cinéma de demain sans qu’aucun de ces termes ne soit minoré. J’ajoute que cet engagement est fidèle à mon parcours depuis 25 ans au service du cinéma.

Je réaffirme que La fémis, école de service public, n’est l’école de personne, qu’elle est l’école du cinéma français dans sa richesse et sa diversité.

Nous devons oeuvrer ensemble, dans un esprit d’initiative, d’enthousiasme et de rigueur. Nous pouvons à juste titre être fiers de notre école et nous pouvons la rendre encore meilleure. C’est à construire ces transformations que je vous invite aujourd’hui.

Marc Nicolas

(Ci-joint un PDF de cette lettre)

Lettre de Marc Nicolas aux élèves de La fémis