Martha... Martha

Avec Lucie Régnier, Valérie Donzelli, Yann Goven.

« Notre troisième film en commun avec Sandrine. Et toujours aucune notion d’" acquis " qui aurait pu s’installer entre nous. Je commence à connaître ses goûts, je sais ce qu’elle aime dans une image, et aussi ce qu’elle déteste. Lors du tournage d’Y aura-t-il de la neige à Noël, elle a passé du temps à m’expliquer ce qu’elle ne voulait pas, à savoir des nuits bleutées, des contre-jours non justifiés par une source déjà présente dans l’espace. Les directions de lumière devaient venir d’une fenêtre ou d’une ampoule électrique. Pas de source qui viendrait de nulle part.

Mon travail avec Sandrine consiste donc à traduire sur pellicule la façon dont elle voit les choses avec son propre regard. A moi, par la suite, de moduler quelques données et d’y mettre aussi un peu mes propres goûts.

Pour Martha, Martha, il a fallu construire un sas de 60 m2 dans la cour intérieure de l’appartement des trois personnages afin de tourner en fausses nuits les séquences où intervenait la petite fille âgée de six ans. Jouer sur un minimum de lumière, l’espace étant à peine plus grand qu’un appartement dit " normal ". Donc une profondeur de champ assez faible. Ce qui n’est pas très gênant, car nos cadres sont généralement assez frontaux, les personnages sont rarement en amorce et très peu d’objets placés en avant-plan qui pourraient paraître trop flous. En revanche, un fort contraste dans la lumière redonne la notion de profondeur. Dans Martha, Martha, par exemple, une pièce éteinte devient comme un trou noir, les personnages situés sous la lampe éclairant la table du salon se découpent forcément du fond.

Contrairement aux deux films précédents, nous n’avons pas utilisé le principe du tirage sans blanchiment. (Nous avions même tenté pour les scènes de fin d’Y aura-t-il de la neige à Noël un négatif sans blanchiment. Le résultat était tellement hors sujet, le contraste étant ultra élevé, que nous avions fait remodifier le traitement du négatif.)
Et pour la première fois nous ne nous sommes pas laissé tenter par les caractéristiques de la Fuji, nous avons opté plus classiquement pour la Kodak.
Un petit signe de faiblesse de notre part ?

Technique

Pellicules Kodak